Home Haiti Y a-t-il une véritable guerre en Haïti ?

Y a-t-il une véritable guerre en Haïti ?

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Dans de nombreux discours et déclarations officielles, les dirigeants du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) affirment systématiquement qu’Haïti est un pays en guerre. De Leslie Voltaire à Laurent Saint-Cyr, en passant par Fritz Alphonse Jean, le même slogan est répété. Ce dernier a même réussi à établir un budget de guerre qui s’est envolé comme de la fumée. Voltaire lui-même a eu à dire : la guerre, c’est la guerre ! Dans le discours que Saint-Cyr vient de prononcer à l’ONU, il revient à la charge : « Voilà le visage d’Haïti aujourd’hui, un pays en guerre, un Guernica contemporain, une tragédie humaine aux portes de l’Amérique, à seulement quatre heures de vol d’ici ». Et pour tourner l’humanité en dérision, il note : « Une guerre entre des criminels qui veulent imposer la violence comme ordre social et une population désarmée qui lutte pour préserver la dignité humaine ».

La guerre dont parlent les dirigeants haïtiens n’est pas vraiment la vraie guerre. Ce qu’ils présentent est une interprétation erronée de la situation du pays. Leur façon de présenter l’équation de la guerre est déséquilibrée, car elle masque la réalité d’un pouvoir ridicule qui veut se faire passer pour un régime généreux et bienveillant. Ces politiques sont rejetés par la grande majorité de la population. Tout ce qu’ils cachent, c’est l’échec total de la classe dirigeante et son incapacité à améliorer les conditions de vie. Elle ne peut apporter aucune solution fiable, pas même un discours pour convaincre le peuple. De plus, non seulement cette classe en est incapable, mais elle sait aussi qu’elle n’inspire aucune confiance. C’est pourquoi le recours à la guerre est toujours l’arme des imposteurs, des véritables criminels refusant toujours d’assumer leurs responsabilités pour éviter de résoudre les problèmes de fond.

Y a-t-il une guerre en Haïti ? Oui, il y en a une entre l’État et le peuple haïtien. Elle n’a pas commencé avec la crise actuelle. C’est une guerre menée par les classes dirigeantes, qui ne reculent devant rien pour s’attaquer aux masses pauvres afin de s’accrocher au pouvoir. La guerre est la seule arme à la disposition de cette classe de parasites, dont l’objectif immédiat est de vaincre leur adversaire et de le rendre incapable de toute résistance.

Leur force réside dans le soutien inconditionnel de leurs patrons, les pays impérialistes, notamment les Etats-Unis qui dominent Haïti, qui les tiennent constamment sous leur coupe et cautionnent le système de pénurie de ressources. Tandis que le peuple lui-même réclame une vie meilleure, un changement qui nécessite une rupture avec le système existant. La guerre est organisée par l’État, mais les dirigeants et les Américains veulent lui donner une autre direction, voire une autre dimension, comme s’ils en étaient les victimes, alors même que ce sont eux qui la mènent contre les masses.

Lorsque le gouvernement parle de guerre, il ne fait que demander de l’aide pour gagner la bataille qu’il est en train de mener contre les populations défavorisées. Ce n’est pas aujourd’hui que les Américains, par l’intermédiaire de l’OEA, des Nations Unies et même de la CARICOM, vont apporter leur solidarité, sous prétexte de soutenir le peuple haïtien. Le résultat reste inchangé : la classe dirigeante demeure toujours plus forte, garde son pouvoir de domination en même temps qu’elle maintient les travailleurs dans le chômage, la faim et l’injustice. La domination plus que centenaire des Etats-Unis et la multiplication des missions des Nations-Unies en Haïti ne changent rien à la situation et la répression continue de s’abattre sur le peuple.

Ainsi, la résistance de la population s’intensifie et suscite une prise de conscience croissante et collective. Mais les capitalistes y ont vu une menace pour leur existence et ils ont décidé de se défendre « fermement » ! À tel point que la résistance emprunte la voie de la lutte armée, refusant de s’entretuer, ce qui effraie les représentants des oligarques qui exercent le pouvoir au service de l’impérialisme américain. Ils sont au cœur de cette guerre, et pourtant, ils sont les premiers à se plaindre et à appeler à l’aide les forces réactionnaires étrangères. L’assassinat de plus de quinze personnes à Simon Pelé, dont huit enfants, par des drones kamikazes menés par des mercenaires étrangers engagés officiellement par le régime contre les quartiers pauvres, en est la preuve tangible. D’ailleurs, Laurent Saint-Cyr n’a même pas osé condamner ce massacre perpétré quelques jours seulement avant son discours aux Nations Unies.

« Haïti veut la paix. Haïti attend la paix. Haïti a droit à la paix », a insisté M. Saint-Cyr lors de la 80e Assemblée générale des Nations Unies. Certes, il appelle à la paix pour les riches, la paix pour les patrons, les contrebandiers, la paix pour les vendeurs du pays, mais sans inclure le peuple, les plus vulnérables. Autrement dit : il n’y a plus d’exploiteurs et d’exploités, d’affameurs et d’affamés, de pauvres et de riches. Plus de deux siècles se sont écoulés depuis le massacre de Pont Rouge et la paix n’a jamais été au rendez-vous pour les affamés et les exploités. Il ne peut y avoir de paix sans justice. Il ne peut y avoir de paix lorsque la population vit dans la misère la plus inhumaine. Si le gouvernement souhaite la paix, il doit faire son devoir et assumer ses responsabilités envers les masses laborieuses. Si le pays n’est pas en paix, la faute incombe aux dirigeants et non au peuple.

Alors que le pouvoir appelle à la paix, il recourt aux mêmes procédures réactionnaires que celles proposées par les États-Unis, à savoir le déploiement d’une nouvelle force internationale, plus « robuste » que la mission actuelle, pour briser l’emprise des gangs sur le pays. Ensemble, ils usent toutes les stratégies. Leur alternative est désormais connue : une force de répression des gangs. C’est un régime de classe qui défend ses intérêts de classe. Il court sans savoir où se cacher. Il pense que tout le monde est si ignorant que personne ne peut comprendre que le phénomène des gangs est la conséquence d’un mal qui s’aggrave, et qu’il n’en est pas la cause profonde. Il est temps de mettre fin à ce prétexte, allant même jusqu’à contraindre le chef de file des impérialistes à accuser les groupes armés des « terroristes » afin de dissimuler son véritable objectif et de réprimer tous ceux luttant contre l’exploitation.

Appauvrir et affamer davantage le peuple-travailleur est la politique délibérée du régime de Transition. C’est dans ce contexte que le journal Haïti Liberté appelle, par principe, la Chine et la Fédération de Russie à ne pas se faire complices des crapules impérialistes occidentaux au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il est urgent de faire taire ces réactionnaires, car tous leurs arguments sont de purs mensonges. La situation sécuritaire en Haïti, qui fait l’actualité depuis plus de vingt ans, est un prétexte pour masquer les failles du système capitaliste. Que leurs vétos demeurent une flamme éternelle de solidarité avec la lutte du peuple haïtien ! Puisse cette flamme rester allumée pour toujours ! Car c’est la seule voie compatible avec la lutte des classes, c’est-à-dire pouvant donner satisfaction aux revendications de la classe ouvrière haïtienne pour faire barrage à la barbarie et la guerre impérialiste auxquelles elle est confrontée au quotidien.

 

 

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