Aux États-Unis, la condamnation du sénateur Bob Menendez pour corruption a débouché, le 18 juillet 2025, sur une interdiction à vie d’occuper un emploi public dans l’État du New Jersey. Une décision sans appel, exécutée sans résistance, qui traduit la capacité des institutions à réagir juridiquement face à la déchéance morale d’un élu.
À l’inverse, en Haïti, les figures politiques et administratives éclaboussées par des accusations graves – détournements, blanchiment, gestion criminelle de fonds publics – non seulement échappent à toute poursuite, mais accèdent, pour certains, à des postes stratégiques. Michel Martelly, cité dans l’affaire PetroCaribe, poursuit sa carrière politique sans entrave. Plusieurs anciens directeurs de la PNH, malgré des bilans calamiteux, sont réaffectés dans l’appareil d’État. Plus près de nous, trois membres du Conseil présidentiel de transition, soupçonnés d’avoir participé à des opérations frauduleuses au sein de la Banque nationale de crédit (BNC), siègent encore sans qu’aucune enquête indépendante ne soit diligentée et se permettent de d’engager le pays vers un référendum illégal et interdit.
Là où la justice américaine opère des exclusions durables au nom de l’éthique publique, l’État haïtien sanctuarise ses fossoyeurs. L’impunité y devient doctrine officieuse, codifiée par l’inaction judiciaire et normalisée par le silence des élites.
Cette asymétrie pose une interrogation redoutable : peut-on aspirer à l’autorité de la loi dans une république où les contrevenants rédigent eux-mêmes les règles du jeu.