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Des organisations progressistes rejettent une nouvelle intervention de l’ONU !

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L`ex-sénateur William Jeanty, coordinateur de l’organisation politique Kontrapèpla

 

La proposition de l’administration Trump pour Haïti préconise le remplacement de la MMAS par une Force de répression des gangs.

 

Une semaine avant la fin du mandat de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), les autorités intérimaires du pays défendent l’idée d’une nouvelle intervention de l’ONU, élargie et renforcée. Les critiques soulignent que ces missions internationales, outre leur inefficacité, causent plus de tort que de bien à la population.

Dans son discours à la 80e Assemblée générale des Nations Unies, Laurent Saint-Cyr, président en exercice du Conseil présidentiel de transition, a qualifié la situation haïtienne de « l’une des plus graves de notre continent ». Il a appelé la communauté internationale à agir « de concert avec Haïti » de manière « ferme, coordonnée et immédiate ». Déplorant le manque de ressources pour l’actuelle Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS), il a approuvé la proposition américaine et panaméenne de renforcer la présence militaire internationale : « Aujourd’hui, il est impératif de mobiliser une force robuste dotée d’un mandat clair et de ressources matérielles, logistiques et financières adéquates.»

Cette proposition, présentée par l’administration Trump, préconise le remplacement de la MMAS par une Force de répression des gangs, composée de 5 500 soldats et policiers. Contrairement à la mission actuelle, dirigée par le Kenya et opérant aux côtés de la Police nationale haïtienne, cette force serait coordonnée par l’ONU elle-même, depuis Port-au-Prince, et habilitée à agir « de manière indépendante » et « proactive » dans la lutte contre les gangs, ainsi qu’à détenir et arrêter des citoyens haïtiens.

Écran de fumée

En Haïti, plusieurs organisations de la société civile sont sceptiques quant à cette perspective. D’abord, parce que la MMAS elle-même, qui a coûté des centaines de millions de dollars à ses bailleurs de fonds, apparaît davantage comme un écran de fumée que comme une solution à la crise haïtienne. Approuvée en octobre 2023 par le Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans, sa mise en œuvre n’a débuté que neuf mois plus tard, avec l’arrivée de 400 Kényans sur l’île. Et malgré les renforts de certains pays des Caraïbes, les effectifs militaires et policiers n’ont jamais atteint 1 000, bien loin des 2 500 initialement prévus.

Selon le président kenyan William Ruto, la force n’a fonctionné qu’à 40 % de ses capacités en raison d’un manque de financement, d’équipement et de logistique. « La plupart de nos véhicules sont d’occasion et tombent donc fréquemment en panne, mettant le personnel en grave danger lorsque cela se produit dans les zones de conflit », a-t-il déploré dans son discours, ne donnant qu’un exemple de l’inefficacité de la mission sur le terrain.

Dans la pratique, la MMAS n’a pas non plus apporté de réponse décisive en matière de lutte contre les gangs armés. Si William Ruto met en avant la récupération de l’aéroport de Port-au-Prince, qui, selon lui, « fonctionne parfaitement aujourd’hui », la réalité est tout autre. Aucun vol international de passagers n’atterrit encore dans la capitale, et la traversée du pays du nord au sud reste pratiquement impossible, que ce soit par voie aérienne ou terrestre. Dans un rapport publié en juin dernier, les experts de l’ONU ont eux-mêmes exprimé leur inquiétude, « non seulement en raison de la propagation de la violence des gangs dans tout le pays, mais aussi de la brutalité croissante qui le caractérise ».

Un enjeu géopolitique

Pour William Jeanty, coordinateur de l’organisation politique Kontrapèpla, l’inquiétude des États-Unis concernant la question haïtienne répond à un projet plus vaste de domination impérialiste. « Il ne s’agit pas d’un problème de violence ou de sécurité qu’ils sont là pour résoudre. C’est un problème géopolitique, celui du contrôle absolu du continent américain.» En ce sens, Haïti ne serait pas un cas isolé dans la politique étrangère de Trump : « Il y a une lutte pour l’hégémonie. Cela explique les menaces qui pèsent sur le Venezuela, le Canada et le Panama, mais Haïti étant un pays plus faible, c’est ici qu’elles commenceront.»

« Ce qu’ils veulent, c’est s’emparer du pays, en raison de sa position stratégique dans la mer des Caraïbes et des ressources minérales de notre sol », résume Pierre-Marie Louis, de la direction nationale du Mouvement paysan Tèt Kole, mettant également en garde contre le développement d’une politique de guerre qui finit par faire de la population elle-même les principales victimes des conflits : « Nous n’allons pas résoudre cette situation simplement par une guerre civile qui tuera des innocents et sera destructrice pour la société entière.»

La crise que traverse le pays aujourd’hui est structurelle et multidimensionnelle. Elle affecte non seulement la sécurité, mais aussi l’accès aux soins de santé, à l’électricité, à l’eau et à l’alimentation, entre autres services. Dans ce contexte, un conflit armé aggraverait exponentiellement les souffrances de la population, sans offrir aucune perspective de transformation de la réalité du pays.

Pour Jeanty, c’est l’État haïtien qu’il faut reconstruire. « Le problème des gangs existe dans tous les pays, surtout dans les Amériques. Mais la différence en Haïti, c’est que l’État tout entier est contrôlé par des mafias, des oligarchies et des puissances internationales qui ne servent pas le peuple. La première chose à faire est donc de reconstruire l’État ! » Et cela, pour lui, ne peut être la tâche d’une armée étrangère. « Nous avons besoin d’un État autonome », conclut-il.

Les organisations soulignent enfin qu’Haïti ne produit ni armes ni munitions. Le pays ne consomme même pas la drogue qui transite par son territoire et finance les gangs armés. La principale contribution attendue de la communauté internationale, et en particulier des États-Unis, est donc de démanteler ces réseaux à travers le monde, et non de favoriser une escalade de la violence en Haïti.

 

TeleSur 27 septembre 2025

 

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