Quand un peuple traverse les ténèbres, il arrive qu’une étincelle suffise à rallumer l’espérance. À Asuncion, cette étincelle s’appelle Ava Lee, et son éclat est fait d’or.
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Le 16 août 2025, aux Jeux panaméricains de la jeunesse, la jeune taekwondoïste haïtienne est entrée dans l’histoire en offrant à son pays sa première médaille d’or panaméricaine. Une performance magistrale, arrachée à force de courage et de précision, qui résonne comme un sursaut national, dans un contexte où l’État et le secteur privé laissent trop souvent les athlètes livrés à eux-mêmes.
Le 16 août 2025 restera une date charnière dans l’histoire du sport haïtien. À Asuncion, dans l’arène des Jeux panaméricains de la jeunesse, la très jeune Ava Lee a offert à son pays sa première médaille d’or sur la scène continentale. Une victoire éclatante qui transcende le seul cadre sportif et qui résonne comme un acte de résistance dans un pays où l’État et le secteur privé peinent encore à assumer pleinement leur rôle.
Sur le tatami paraguayen, la gauchère haïtienne a déroulé un parcours d’exception. Son entrée en compétition fut une démonstration : la Portoricaine Valeria López balayée 2-0, sans concéder le moindre point. En demi-finale, contre l’Équatorienne Matvelin Espinoza, Ava Lee fit preuve d’une parfaite maîtrise du temps et des distances, l’emportant encore (2-0). Puis vint la grande finale, face à la Mexicaine Paloma Garcia. Menée 0-1 après la première manche, elle réagit avec calme et lucidité, enchaînant un dollyo tchagui précis et plusieurs séquences gagnantes pour finalement s’imposer 2-1.
« Je n’ai jamais pensé à abandonner », confie Ava Lee, encore haletante. « J’ai senti derrière moi tout un peuple. Cette médaille, c’est pour Haïti. »
Derrière ce succès, il y a aussi l’effort des institutions sportives haïtiennes. Depuis des années, le Comité Olympique, présidé par Hans Larsen, maintient la présence du pays sur la scène internationale malgré des subventions tardives et insuffisantes. « Ce résultat n’est pas le fruit du hasard, insiste-t-il. C’est la récompense du travail acharné de nos athlètes et de nos dirigeants. Aujourd’hui, Haïti entre dans l’histoire. »
À ses côtés, le docteur Frénel Ostin, président de la Fédération haïtienne de taekwondo, mesure l’importance de ce moment : « Le taekwondo haïtien vit une journée historique. Nous avons résisté avec peu de moyens, mais avec la conviction que ce sport pouvait hisser notre drapeau. Ava en est la preuve vivante. »
Dans un pays en crise, où le désengagement de l’État et la frilosité du secteur privé freinent le développement sportif, cette médaille prend une dimension symbolique. Elle incarne la résilience d’une jeunesse qui refuse de renoncer et rappelle que, même dans le chaos, Haïti peut encore s’asseoir à la table des vainqueurs.
Leconte Dor