Deux ans après la déclaration de l’Indépendance d’Haïti, le général et empereur Jean-Jacques Dessalines, né Jean-Jacques Duclos le 20 septembre 1758 à Grande-Rivière-du-Nord, fut lâchement assassiné. Depuis, les assassins et leurs héritiers politiques ont pris le pouvoir. Pour célébrer leur victoire, ils commémorent chaque année l’assassinat du 17 octobre 1806.
Pour une immense partie de la population c’est un jour de deuil. Sauf pour une infirme minorité, c’est plutôt une fête de réjouissance bien joyeuse. C’est sous la présidence de Michel Martelly que cette réjouissance secrète de la bourgeoisie s’est manifestée ouvertement, lorsque le 17 octobre 2014, le régime bourgeois a organisé un défilé musical, non pas pour rappeler la tragédie criminelle que fut cette date.
Il ne s’agissait pas non plus d’une mobilisation de sensibilisation avec des chants patriotiques, révolutionnaires et des récitals sur l’œuvre de ce Titan du XIXe siècle. Tout simplement, il s’agissait d’un acte délibéré, d’une « carnavalisation » scandaleuse de cette journée de commémoration. De toute manière, il est inscrit dans la mémoire collective haïtienne, que cette date signifierait toujours un jour de deuil national, moment de méditation en mémoire du Père de la patrie assassiné.
Revenons à la date du 20 septembre qui représente un double anniversaire de notre plus grand héros national. Mais cette année encore, le pouvoir en place ne l’a pas célébré à la hauteur de ses dimensions historiques. En réalité, cette célébration timide, en demi-teinte, sans aucun impact, transmet un message très significatif : la nature politique, idéologique et sociale du régime.
L’anniversaire de Dessalines devrait être l’occasion pour le peuple de lui exprimer leur profonde gratitude et leur affection, et surtout de propager ses idées progressistes…
Ce ne sont que les mêmes traîtres à la nation qui dirigent l’actuel gouvernement. Ils ne diffèrent en rien des précédentes cohortes de marchands de patrie. Qu’ont-ils fait, changé ou amélioré dans le pays ? Rien ! Au contraire, l’appareil politique dominé par cette classe traditionnelle et les puissances impérialistes n’a fait qu’aggraver les conditions de vie des masses travailleuses, jusqu’à les détériorer totalement.
Ce Conseil Présidentiel de Transition (CPT), prétendait célébrer le 267e anniversaire de la naissance de Jean-Jacques Dessalines, mais il n’y a eu aucune véritable cérémonie commémorative pour marquer l’anniversaire de cette grande figure emblématique et influente de l’histoire haïtienne et du monde contemporain. Rappelons que les autorités présidentielles ont déboursés plus de 3,8 millions de dollars pour les festivités marquant la visite du Président Colombien Gustavo Petro à Jacmel.
Chaque année, des fonds sont systématiquement alloués aux collectivités locales pour les fêtes rurales de chaque localité, liées aux fêtes religieuses des saints de l’Église catholique. Cependant, pas un seul centime n’a jamais été versé aux maires ni consacré à la commémoration de l’anniversaire du fondateur de la nation, alors que les célébrations de l’anniversaire de Jacques Ier, empereur d’Haïti, auraient dû se dérouler dans tout le pays.
Ceci prouve que l’illustre Père de la nation ne représente pas une figure importante, majeure pour les dirigeants haïtiens d’aujourd’hui comme hier. Il n’est l’objet d’aucune vénération ni considération. Ce gouvernement, comme ses prédécesseurs, n’a pas jugé nécessaire de rénover son ancienne résidence à Grande-Rivière-du-Nord, son village natal. Ne parlons pas de son tombeau au cimetière intérieur de Sainte-Anne à Port-au-Prince, et ses forts défensifs à travers le pays ou les deux maisonnettes de Papa Dessalines à Marchand-Dessalines qui pourraient constituer des sites touristiques très attractifs pour le développement économique local, voire du pays.
Les preuves sont palpables. Dans les musées, rien au presque dans les collections célébrant cet ancien esclave, un homme magnanime, devenu chef de guerre, farouche opposant de l’inégalité sociale, un rebelle immortel, un révolutionnaire exceptionnel, capable de fonder une Nation.
L’anniversaire de Dessalines devrait être l’occasion pour le peuple, et plus particulièrement pour les jeunes, de lui exprimer leur profonde gratitude et leur affection, et surtout de propager ses idées progressistes qui constituent un héritage politique important pour la sauvegarde du pays. C’est un moment à saisir pour retracer la vie révolutionnaire glorieuse de ce héros d’exception, d’antiesclavagisme, de la libération anticoloniale, grande figure politique et symbole éminent du patriotisme et de l’internationalisme.
Pour ces antinationaux qui sont au pouvoir, Dessalines n’est même pas considéré comme un symbole, un modèle d’homme à suivre, un point d’union entre le peuple et ses dirigeants, un point de ralliement pour le peuple dans toutes ses composantes. Pourtant, ce gouvernement au service des puissances impérialistes avec son cynisme habituel, a fait savoir à propos de lui dans une note fictive destinée à déformer la réalité actuelle que : « Son nom, son œuvre et son sacrifice continuent de briller dans la mémoire collective et de résonner dans l’âme de tout un peuple. Son exemple inspire encore aujourd’hui des générations entières dans tous les domaines de la vie nationale – des sports aux arts, de l’éducation à la politique – et rappelle à tous que la liberté, conquise au prix du sang et du sacrifice, doit être défendue avec la même ardeur. L’esprit de Dessalines demeure la flamme qui éclaire notre chemin collectif. En honorant sa mémoire, le peuple haïtien réaffirme son attachement indéfectible aux idéaux de justice, d’égalité et de souveraineté qui fondent notre République. »
Si vraiment ils y croyaient, comment peuvent-ils expliquer une telle dégénérescence d’un pays où ce sont les États-Unis qui font et défont à leur guise et quand ils veulent jusqu’à nous recoloniser ? Après avoir déstabilisé le pays au cours des années précédentes, ils reviennent sur les lieux du crime et sans aucune gène décident de le militariser à l’aide des soldats étrangers sous prétexte de le pacifier. Ceci avec la complicité tacite des fossoyeurs locaux, les principaux artisans d’assassinats des patriotes alors qu’ils font tout de sorte que nous ne soyons plus, pensent-ils, des Dessaliniens.
D’autres indignités du même acabit se prétendent eux être des enfants, ou des héritiers de Dessalines. Ces flibustiers ne visent qu’à tromper la vigilance du peuple de façon à le désorienter de la lutte de Dessalines, le leader historique de la Révolution haïtienne, symbole incontesté et incontestable de la lutte pour l’indépendance, la justice sociale et la dignité des peuples.
Comment peuvent-ils prétendre commémorer l’anniversaire de Jean-Jacques Dessalines Le grand, alors que des forces étrangères sont présentes sur le sol dessalinien, ce nationaliste de la première heure ? Cela démontre lorsqu’ils prétendent que commémorer l’anniversaire de Dessalines, ils se moquent du peuple et d’eux-mêmes. À tel point que certaines ambassades impérialistes ci-devant esclavagistes et colonialistes en profitent pour publier des notes truffées d’hypocrisies et de cynismes, soi-disant pour lui rendre hommage. Le vainqueur de Napoléon doit certainement se retourner dans sa tombe. Ce sont eux, ces agresseurs impérialistes qui ont conspiré avec les dirigeants de l’époque pour l’assassiner avec une atrocité barbare comme s’il s’agissait d’un bandit de grand chemin.
Les manœuvres et machinations d’aujourd’hui pour maintenir leur système de domination ne sont-elles pas des moqueries envers le premier chef d’Etat haïtien que fut Dessalines ? Car, cette situation déplorable n’était nullement ce qu’il avait souhaité pour son peuple. Or aussi longtemps que cette impasse aliénante et éprouvante du colonialisme persiste avec ces apatrides, ces traîtres à la nation, ces laquais des classes aisées au timon de l’Etat, Dessalines ne pourrait se réjouir de la célébration de son anniversaire. Car, ils ne l’ont pas fait pour léguer son héritage afin d’inspirer les générations présentes et futures, mais pour poignarder au dos le peuple avec la présence militaire et politique des puissances coloniales. Si tel n’était pas le cas, ces collabos n’accepteraient jamais qu’Haïti tombe dans cette dynamique infrahumaine de domination impérialiste.
Ils s’efforceraient de guider notre engagement envers des idéaux clairs et fermes de souveraineté, de solidarité, de fraternité entre le peuple et de lutte de libération nationale, de manière à construire un pays plus juste, plus solidaire, plus prospère et plus uni, comme Jean-Jacques Dessalines Le grand l’avait rêvé.
