Sans opérations musclées dans les fiefs des gangs de Village-de-Dieu, Bel-Air, La Saline et Grand-Ravine, la pacification du centre-ville de Port-au-Prince restera une illusion, estime l’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Lucmane Délile.
« Au nom du Conseil présidentiel de transition (CPT), le conseiller-président Leslie Voltaire a présidé un Conseil des ministres, ce jeudi 9 octobre 2025, au Palais national, dans l’aire du Champ-de-Mars. Réunis dans un climat de sérénité, les membres du CPT et du gouvernement ont discuté du renforcement des mesures visant à améliorer la situation sécuritaire du pays », indique une note de la Présidence — contredisant, au passage, la réalité qui prévalait ce jour-là dans l’aire du Champ-de-Mars.
Selon les images et séquences disponibles, des détonations ont retenti dans les parages du Palais national au moment même de la tenue du Conseil des ministres, créant une atmosphère de panique. Plusieurs blindés de la Police nationale d’Haïti ont essuyé des tirs, tandis que des agents déployés aux abords du Palais présidentiel peinaient à reprendre le contrôle du centre-ville.
Les troubles survenus au Champ-de-Mars au moment du Conseil des ministres démontrent les limites du « bluff » gouvernemental de doublure quant à la prétendue reprise du cœur de Port-au-Prince, analyse l’ancien ministre Lucmane Délile. Sans interventions coordonnées et décisives pour déloger les groupes armés retranchés à Village-de-Dieu, Grand-Ravine, La Saline et Bel-Air, le processus de pacification tant vanté restera un vœu pieux, insiste l’ancien commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince.
Hervé Noël
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