Une enquête internationale révèle qu’en 2022, près d’un million de munitions livrées à la Police nationale dominicaine ont été détournées, dont une grande partie aurait pris la direction d’Haïti, alimentant ainsi les groupes armés responsables de violences croissantes dans le pays voisin.
Parmi les munitions détournées figurent plus de 489 000 cartouches de 9 mm, 230 000 de calibre 5.56 x 45 mm, 26 000 de 7.62 x 39 mm et 93 000 cartouches de calibre 12. Ce matériel, censé renforcer les capacités policières dominicaines, a en partie disparu de l’arsenal officiel selon un inventaire mené par la Police nationale dominicaine en octobre 2024.
Le détournement a été mis en lumière en juillet 2024, lorsqu’un groupe d’autodéfense a intercepté un motocycliste à Mirebalais (Haïti) transportant 5 000 cartouches de calibre 5.56 mm. L’enquête a révélé que ces munitions, produites par l’italienne Fiocchi Munizioni, faisaient partie d’un lot livré à la police dominicaine deux ans plus tôt.
Des sources sécuritaires dominicaines et haïtiennes ont confirmé l’implication d’agents corrompus dans un trafic illicite transfrontalier d’armes et de munitions. Le gouvernement dominicain a ouvert une enquête officielle et coopère activement avec les Nations unies et les autorités italiennes pour retracer la chaîne de responsabilité.
Les experts soulignent que les calibres concernés — 5.56 et 7.62 mm — sont particulièrement prisés par les gangs haïtiens lourdement armés, dont l’influence s’est accrue ces dernières années face à une gouvernance fragilisée.