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Le secrétaire d’Etat adjoint Christopher Landau : « A quoi sert l’OEA si elle reste passive face à Haïti », la première nation Noire indépendante du monde

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L’OEA est responsable de l’accession de Michel Martelly à la présidence d’Haïti en 2011 à la suite d’élections frauduleuses, révèle l’ex-sénateur Joseph Lambert en 2021. Martelly figure désormais sur la liste de l’ONU des parrains des bandes terroristes en Haïti. Devrions-nous maintenant négocier avec des terroristes ?

Secrétaire d’État adjoint Christopher Landau : « A quoi sert l’OEA si elle reste passive face à Haïti », la première nation noire indépendante du monde. L’OEA pourrait-elle appeler à l’expulsion des Haïtiens des Etats-Unis dans le contexte de chaos actuel ?

Lors de son allocution à l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA), le 26 juin 2025 à St. John’s (Antigua-et-Barbuda), le sous-secrétaire d’État américain Christopher Landau a vertement interpellé l’organisation sur son inaction face à la détérioration de la situation en Haïti. Il a décrit sans détour une « crise humanitaire, sécuritaire et gouvernementale » marquée par la mainmise des gangs sur les rues et les ports de Port-au-Prince, où « l’ordre public s’est pratiquement totalement effondré ». Ce diagnostic s’inscrit dans une critique plus large du rôle et de la pertinence actuelle de l’OEA.

Si Landau reconnaît l’engagement de certains États membres dans le soutien à la mission multinationale de sécurité dirigée par le Kenya – à laquelle les États-Unis ont déjà consacré près d’un milliard de dollars –, il déplore le désengagement de l’OEA. Ce silence ou cette inertie régionale soulève à ses yeux une question de fond : à quoi sert l’OEA si elle n’agit pas face à l’effondrement d’un de ses membres fondateurs ? Par cette interpellation, il invite les États membres à reconsidérer leur rôle, alors que Washington remet lui-même en question son investissement dans des institutions multilatérales jugées peu efficientes.

Ce passage sur Haïti doit être lu à la fois comme un avertissement diplomatique et comme un plaidoyer politique : soit l’OEA s’implique concrètement dans la résolution de la crise haïtienne, soit elle risque de se voir marginalisée par ses plus grands bailleurs. En évoquant Haïti et le Venezuela comme deux symptômes d’un continent en désordre, Landau opère un double rappel : la solidarité régionale ne peut être réduite à des déclarations de principe, et la crédibilité institutionnelle passe par des actions tangibles sur le terrain.

Department of State United States of America

Traduction fournie par le département d’État des États-Unis à titre gracieux

Le secrétaire d’État adjoint Christopher Landau à l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains

Département d’État des États-Unis
Christopher Landau, sous-secrétaire d’État
St. John’s, Antigua-et-Barbuda
Le 26 juin 2025
Allocution

LE SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT LANDAU : Merci, Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général Ramdin, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, et chers collègues.

C’est un honneur pour moi de m’adresser à vous aujourd’hui au nom des États-Unis d’Amérique. Je tiens tout d’abord à remercier le gouvernement et le peuple d’Antigua-et-Barbuda d’accueillir cette assemblée dans leur beau pays et pour leur chaleureuse hospitalité. Je suis ravi d’être de retour dans les Caraïbes, qui ont été inextricablement liées à mon pays tout au long de notre histoire. D’ailleurs, l’un des pères fondateurs les plus éminents de mon pays, Alexander Hamilton, est né sur l’île voisine de Nevis. Le succès des États-Unis peut être attribué en partie au génie de cet homme.

Au nom des États-Unis d’Amérique et du secrétaire d’État Marco Rubio, je suis heureux de féliciter le nouveau secrétaire général de l’Organisation, Albert Ramdin. Monsieur le Secrétaire général Ramdin, nous espérons bien entendu que votre mandat sera couronné de succès et que nous pourrons travailler ensemble pour rendre l’ensemble de notre continent plus sûr, plus fort et plus prospère, ce que nous essayons de faire également dans notre propre pays.

Je pense que vous savez tous que ce continent est une priorité particulière pour le secrétaire d’État Rubio et moi-même. En fait, lorsque le secrétaire et moi avons abordé pour la première fois la possibilité que je devienne sous-secrétaire d’État, après les élections de novembre dernier, il m’a demandé si je voyais une raison pour laquelle nous ne ferions pas bonne équipe. Je lui ai répondu en toute sincérité qu’il était un spécialiste du continent, et que je l’étais moi aussi, donc qu’il vaudrait peut-être mieux pour lui s’associer à une personne spécialisée dans une autre région du monde, comme le Moyen-Orient ou l’Asie de l’Est. Il a secoué la tête et m’a répondu que c’était exactement le contraire. Il craignait que ses fonctions ne l’amènent à voyager dans d’autres parties du monde et voulait s’assurer que nous ne perdions pas de vue ce continent. Le fait que lui et moi partagions le même intérêt pour cette région était donc un avantage et non un inconvénient.

Je suis donc ici aujourd’hui pour réaffirmer notre engagement envers ce continent en tant que personne qui a grandi non seulement dans mon pays mais aussi au Canada, au Paraguay, au Chili et au Venezuela, et dernièrement au Mexique. Je ressens toujours le devoir de saluer et remercier la grande nation colombienne, qui a accueilli la famille de mon père lorsqu’elle a fui son Autriche natale pendant les jours sombres qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale, et de souligner que mes propres grands-parents sont enterrés près de Bogota.

Le secrétaire Rubio et moi-même espérons vivement pouvoir compter sur le partenariat précieux de cette organisation. Comme certains d’entre vous le savent peut-être, les États-Unis ont joué un rôle moteur dans l’établissement de la première conférence panaméricaine, tenue à Washington en 1889. Nous pourrons parler du congrès de Panama une autre fois. Cette conférence a eu lieu une dizaine d’années seulement après la malheureuse intervention française au Mexique et avait pour but la promotion du commerce, le règlement des différends frontaliers et la prévention des ingérences extérieures dans l’hémisphère. Cela a conduit à la création de l’Union internationale des États américains, devenue l’Union panaméricaine en 1910 et finalement l’OEA en 1948. Nous reconnaissons et respectons donc le fait que cette organisation a des racines profondes qui remontent à près de 150 ans.

Cependant, nous devons en même temps nous demander comment l’organisation reste pertinente aujourd’hui et si elle atteint ses objectifs nobles et ambitieux. L’article I de la Charte de l’OEA stipule que les États membres ont créé l’organisation, je cite, « afin d’instaurer un ordre de paix et de justice, de promouvoir leur solidarité, de renforcer leur collaboration et de défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance », fin de citation. Pouvons-nous vraiment affirmer que l’organisation atteint ces objectifs aujourd’hui ?

Au sein du gouvernement américain, nous examinons actuellement cette question. Comme vous le savez peut-être, le président Trump a publié dans les premiers jours de son mandat un décret présidentiel qui donne au secrétaire d’État l’instruction d’examiner dans un délai de six mois tous les organismes internationaux dont les États-Unis font partie, afin de déterminer si cette adhésion est dans l’intérêt des États-Unis et si ces organismes peuvent être réformés. À l’issue de cet examen, le secrétaire d’État doit rendre compte de ses conclusions au président et recommander si les États-Unis devraient se retirer de l’un ou l’autre de ces organismes. Cet examen est en cours, et l’OEA est évidemment l’une des organisations que nous examinons.

Pour être tout à fait franc, et je suis quelqu’un de très franc, je ne suis pas sûr de pouvoir prédire l’issue de cet examen. C’est certainement un sujet dont je suis prêt à discuter lors de cette réunion afin que personne ne puisse dire qu’il est surpris.

Examinons quelques cas pertinents. L’année dernière, le monde entier a été témoin d’une élection volée de manière éhontée au Venezuela. L’opposition a non seulement remporté une victoire écrasante, mais elle disposait également de preuves pour le démontrer : les « actas ». Le régime n’a même pas pris la peine de contester sérieusement la validité des « actas » ou la fraude électorale. En réponse à cette fraude électorale éhontée, qu’a fait cette organisation ? À notre connaissance, rien de concret. Le régime Chávez/Maduro a fait passer le Venezuela d’un des pays les plus prospères de notre continent à l’un des plus misérables, soumettant son peuple à une pauvreté abjecte et à la répression politique, ne laissant d’autre choix à des millions de personnes que de fuir. Beaucoup, sinon la plupart, des pays représentés autour de cette table accueillent des centaines, des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers, voire des millions de réfugiés vénézuéliens. Pas plus tard que le mois dernier, le régime vénézuélien a organisé un nouveau simulacre d’élections législatives et régionales qui manquaient de transparence et de régularité, et comprenaient un vote controversé visant à élire des représentants vénézuéliens pour gouverner l’État d’Essequibo au Guyana.

Si cette organisation n’est pas disposée ou est incapable de réagir ou de remédier à cette situation, où un régime bafoue ouvertement les normes internationales et menace l’intégrité territoriale de son voisin, alors nous devons nous demander quel est l’intérêt de cette organisation.

La crise actuelle en Haïti est tout aussi décourageante. Des gangs armés contrôlent les rues et les ports de la capitale, et l’ordre public s’y est pratiquement totalement effondré. Alors qu’Haïti sombre dans le chaos, la crise humanitaire, sécuritaire et gouvernementale qui se déroule actuellement a des répercussions dans toute la région. Et là encore, qu’a fait cette organisation ? À l’heure actuelle, un minimum de sécurité est assuré par une force multilatérale sous la houlette du Kenya validée par l’ONU. Les États-Unis se sont engagés à hauteur de près d’un milliard de dollars pour soutenir cette force. Nous saluons le déploiement de personnel de sécurité et les autres contributions de certains des pays représentés dans cette salle, qui ont rendu cette mission possible, mais les États-Unis ne peuvent pas continuer à assumer ce lourd fardeau financier.

C’est pourquoi les États-Unis accueilleraient favorablement une implication de l’OEA dans la réponse à la crise politique en Haïti. Encore une fois, si l’OEA n’est pas disposée ou est incapable de jouer un rôle constructif en Haïti, alors nous devons sérieusement nous demander pourquoi l’OEA existe.

Et je tiens à être clair : je n’évoque pas le Venezuela et Haïti pour pointer du doigt qui que ce soit. Je suis plutôt ici pour tendre la main de l’amitié à cette organisation et à tous ceux qui veulent bien la saisir. Mais l’amitié est une voie à double sens. Le secrétaire Rubio et moi-même devons être en mesure de dire à notre président et à notre peuple que notre investissement substantiel dans cette organisation profite à notre pays. Je ne suis pas sûr que nous soyons en mesure de le faire pour l’instant, et je vous demande en toute bonne foi de m’aider à défendre cette cause.

En toute franchise, je crains qu’au moins certains États membres, et peut-être même certains observateurs extérieurs, considèrent cette organisation comme un forum permettant de tourmenter les États-Unis. Je le regrette, car cette organisation peut, du moins en théorie, jouer un rôle important dans l’amélioration des conditions économiques, sociales et politiques de tous les peuples de ce continent. Tout le monde parle toujours des économies « tigres » de l’Asie. Mais alors que nous cherchons tous à mettre en place des chaînes d’approvisionnement plus résilientes sur notre continent, j’aimerais contribuer à canaliser les capitaux américains vers le reste de la région afin de développer des économies « jaguars » des Amériques. J’espère sincèrement que l’on puisse recevoir des signes concrets d’intérêt pour une collaboration constructive avec les États-Unis dans ce forum.

À cet égard, nous avons nommé Rosa María Payá à la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Afin d’assurer sa crédibilité et son succès, la commission doit donner la priorité aux violations et aux atteintes aux droits humains les plus graves et les plus urgentes, en particulier lorsque les solutions nationales sont inexistantes.

Rosa Maria Payá est une défenseure intègre de la démocratie et des droits de l’homme. Sa clarté morale, ses convictions et son expérience vécue font d’elle une voix idéale pour cet organisme. Au nom des États-Unis et du secrétaire Rubio personnellement, je demande instamment aux États membres de voter pour elle lors de l’élection demain.

Chers collègues, l’heure n’est plus aux simples discours et slogans sur la solidarité continentale. Il est temps que l’OEA montre des résultats. Soutenons les peuples du Venezuela et d’Haïti, non seulement par nos paroles, mais aussi par nos actes. Rejetons les régimes autoritaires et antidémocratiques ainsi que ceux qui cherchent à mener des vendettas politiques par le biais du processus judiciaire. Affirmons notre droit souverain à sécuriser nos frontières, à défendre les normes démocratiques, et renforçons cette organisation par des actes, et non par des discours.

En conclusion, les États-Unis occupent une position unique à ce stade pour être un partenaire actif sur le continent. Nous souhaitons que cette organisation fasse partie de la solution, et non du problème, et attendons avec intérêt un engagement constructif au cours des deux prochains jours et au-delà. Thank you. Gracias. Obrigado. Merci.

Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/releases/office-of-the-spokesperson/2025/06/deputy-secretary-of-state-christopher-landau-at-the-organization-of-american-states-general-assembly/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.

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