Cap-Haïtien : 355 ans d’histoire célébrés dans la crasse et la contestation populaire
Le Cap-Haïtien a célébré ce vendredi 15 août 2025 ses 355 ans d’existence, mais l’événement, marqué par le Te Deum traditionnel, s’est déroulé dans une atmosphère ternie par l’insalubrité et le délabrement de la cité christophienne. Les rues saturées d’ordures et l’état de dégradation général de la ville ont mis en évidence l’incapacité des autorité locales à assurer les services essentiels, malgré les promesses répétées.
Deux jours avant la célébration, des membres du Conseil Présidentiel de transition, Dr Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire, avaient effectué une visite sur place. La présence de ces conseillers, accusés d’implication dans le braquage de la BNC aux côtés de leur homologue Smith Augustin n’a fait qu’exacerber les frustrations des citoyens, qui perçoivent une véritable crise de confiance à l’égard de leurs dirigeants.
À la sortie de la cérémonie religieuse, vendredi, jour de la fête patronale de la ville, une manifestation spontanée a éclaté. Les habitants, furieux, ont tenté d’interpeller le maire et les responsables de la municipalité pour demander des comptes sur les 40 millions de gourdes débloqués par Fritz Alphonse Jean, ancien coordonnateur du CPT, pour l’assainissement et les petits travaux à haute intensité de main-d’œuvre. Le mouvement populaire, qualifiant l’équipe municipale de « corrompue » à l’égal du Conseil présidentiel de transition, a été rapidement contenu par un dispositif policier strict.
Cette situation se double d’un échec institutionnel plus large : six mois après l’inauguration partielle du site de décharge de Monchinette, financé par la Banque interaméricaine de développement à hauteur de 34 millions de dollars et géré par la firme Propublic Sam, aucun résultat tangible n’est constaté.
Cap-Haïtien, ville historique du Nord et dotée d’un aéroport qui constitue aujourd’hui la principale porte d’entrée vers Haïti depuis la fermeture de l’aéroport international de Port-au-Prince, voit sa réputation entachée par des années de mauvaise gouvernance et de négligence des autorités locales.
Guyno DUVERNE
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