Une page historique de la politique colombienne vient d’être tournée. L’ancien président Alvaro Uribe, figure dominante de la droite et chef de l’État entre 2002 et 2010, a été reconnu coupable lundi de subornation de témoin. Il devient ainsi le premier ex-président colombien condamné par la justice nationale, dans une affaire au fort retentissement politique à moins d’un an de l’élection présidentielle.
Âgé de 73 ans, Uribe encourt jusqu’à 12 ans de prison pour avoir tenté d’influencer des témoins – en majorité d’anciens membres de groupes paramilitaires – dans une enquête visant à blanchir sa réputation et à discréditer son rival, le sénateur de gauche Iván Cepeda. Ce dernier l’avait accusé de liens avec des milices d’extrême droite responsables d’atrocités pendant le conflit armé colombien. Ironie du sort : c’est finalement Uribe qui a été jugé pour avoir tenté de manipuler ces témoins.
L’ancien président clame son innocence et affirme n’avoir voulu que « faire éclater la vérité ». Mais le verdict confirme les soupçons sur l’influence politique et judiciaire d’un homme longtemps intouchable.
Cette condamnation fragilise un peu plus une droite colombienne déjà affaiblie par l’émergence de la gauche au pouvoir, sous la présidence de Gustavo Petro, élu en 2022. Elle soulève aussi des questions fondamentales sur l’indépendance de la justice et l’impunité des élites dans un pays encore marqué par des décennies de violences et de conflits armés.