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Haïti attend-elle son mouvement de la Génération Z ?

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Le 1er octobre 2025, une rébellion de la jeunesse aurait dû éclater en Haïti. Certains se sont même demandés s’il ne s’agissait pas d’un mouvement de la Génération Z pour se débarrasser des élites vieillissantes et corrompues, comme c’est désormais courant dans de nombreux pays où la jeunesse proteste contre la pauvreté, la misère, le chômage.

Une Génération qui réclame un avenir meilleur par la voix courageuse de jeunes de tous bords.  Des jeunes qui se sont élevés pour dénoncer les classes dirigeantes rétrogrades tout en les faisant prendre leurs jambes à leur cou. Malheureusement, le mouvement n’a pas été lancé comme prévu. Ce report du soulèvement, n’est guère surprenant !

Et ce n’est pas parce que les conditions objectives ne sont pas réunies, ni parce que la population ne voudrait pas secouer le pays et amorcer un changement de cap. Loin de là ! Au contraire, le pays en a désespérément besoin.

Cela aurait été une première, car Haïti n’a jamais connu de manifestations pour des revendications sociales, sauf lorsque les travailleurs réclament des augmentations de salaire ou des changements dans leurs conditions de travail. Par ailleurs, l’histoire des manifestations dans le pays, phénomène « pays lock » par exemple, vise le plus souvent à renverser un président de la République et à le remplacer par un autre, perpétuant ainsi la même politique sociale de domination impérialiste américaine. Mais quel était, en réalité, le principal handicap à cette journée de mobilisation ?

Qu’est-ce qui a manqué aux jeunes initiateurs sur les réseaux sociaux et qu’est-ce qui les a empêchés d’agir activement, à l’instar d’autres jeunes révoltés du monde épris de justice sociale, de liberté et de souveraineté nationale ? Évidemment, il ne faut pas avoir honte ni peur de le dire : la jeunesse haïtienne, depuis la chute de la dictature en 1986, a été réduite à sa plus simple expression.

L’une des raisons de cet échec réside précisément dans l’absence d’organisations sérieuses, n’accordant aucune attention aux jeunes militants et n’ayant même pas non plus gagné leur confiance. Il ne sera pas facile pour ces jeunes de prendre leur destin en main s’ils ne sont soutenus par personne ou ne posent eux-mêmes dès maintenant les premières pierres de l’indignation collective face à la situation quotidienne déplorable d’une majorité de la population méprisée et abandonnée.

L’une des raisons de cet échec réside dans l’absence d’organisations sérieuses, n’accordant aucune attention aux jeunes militants et n’ayant pas gagné leur confiance.

En fait, le mouvement de la Génération Z en Haïti doit être encouragé et soutenu afin que les jeunes, l’avenir du pays, prennent leurs responsabilités en portant à un plus haut niveau les revendications populaires. Ce lancement raté ne doit être ni une première ni une dernière. Au contraire, il doit servir de locomotive ou de rampe de lancement pour continuer jusqu’à ce qu’une majorité prenne conscience que le moment est venu de se révolter. Si la première tentative échoue, il faudra tenter une deuxième, puis une troisième, comme le dit la chanson. Dans une lutte, quelle qu’elle soit, la persévérance est la clé de voûte de la réussite.

L’échec du 1er octobre illustre la faiblesse organisationnelle du pays. Même les syndicats sont restés silencieux ce jour-là et n’ont pas profité de l’occasion pour faire avancer la cause des travailleurs, leurs propres causes, comme si cette mobilisation à l’appel du mouvement de la Génération Z n’en valait pas la peine. Sans oublier la politique anti-jeune de certains gérontologues de la classe politique. On ne peut également ignorer la propagande mensongère relayée par des médias liés aux puissances impérialistes et qui contribuent à maintenir les jeunes sur le chemin de l’émancipation dans une croyance relevant du messianisme, pour mieux les piétiner.

Une autre stratégie consiste à prétendre que ce ne sont pas le système capitaliste et ses mercenaires au sein de l’État qui détruisent le pays et qui sont la cause de tous ces ennuis à la population. Les avocats du système, pour défendre leurs clients, ne font qu’utiliser un bouc émissaire en prétendant que c’est le phénomène des “gangs” qui nous a conduits à ce niveau de décadence, au point de plonger le pays dans l’abîme.

Les grands naïfs et leurs complices conscients ont cru à cette absurdité et continuent de la propager.  En fait, il s’agit d’une solution désespérée pour le système de se sauver lui-même en tentant de sauver ce qui peut encore l’être. Ainsi, pour ne pas opposer les masses affamées et appauvries au système inhumain et à ses défenseurs, le laboratoire producteur d’inégalités sociales, de bandits, de mendiants et des chômeurs a choisi de se concentrer sur les groupes armés afin d’éviter toute unité de la lutte au sein des classes défavorisées.

Par quelle aberration mentale veulent-ils nous faire croire que c’est le phénomène du banditisme qui est responsable du manque d’eau potable, d’électricité, de routes, d’écoles, de centres de santé et surtout du chômage ? Bref, de tout ce qui ne va pas dans le pays. Le système ne fait que détourner l’attention sur les véritables criminels, agents à la solde de l’impérialisme américain, et la focaliser sur des victimes qui cherchent elles-mêmes une issue à ce labyrinthe dans lequel elles s’effondrent. Depuis quand les gangs sont-ils si puissants qu’ils constituent le bastion du mercenariat dans le pays ? Pourquoi une telle confusion, si ce n’est qu’une grande conspiration contre le pays ?

Le pouvoir Exécutif actuel composé de la quasi-totalité des partis politiques, de droite comme de gauche, sous la bannière d’un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) de neuf membres, d’un gouvernement bourgeois le tout sous la protection d’une Mission multinationale d’Appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya constitue une gigantesque organisation criminelle. Par leur insouciance, cette association de coquins et de copains a finalement ouvert les yeux de la population sur leur jeu macabre de corruption et de trahison. En un sens, les masses défavorisées ont désormais et clairement compris que leurs problèmes ne résident pas ailleurs, mais bien au sein de ce régime, fidèle exécuteur des puissances capitalistes. Il est donc impératif et possible de rejeter ce régime fondé sur un capitalisme sauvage, ce régime qui a tourné le dos de la manière la plus cruelle au changement, à la justice, à la paix et à la prospérité du peuple haïtien.

C’est par crainte d’être démasqués dans leur stratégie maléfique de déstabilisation du pays par l’intermédiaire de leurs propres dirigeants que les États-Unis ont jugé de qualifier les groupes armés de terroristes afin d’empêcher tout rapprochement entre les masses et ces groupes. Le recours de Washington à la répression sous toutes ses formes, conjugué à une nouvelle force de répression des gangs, vise à faire d’une pierre deux coups : combattre les groupes armés et, bien sûr, tous ceux qui s’y reconnaissent, notamment la jeunesse haïtienne, dont l’objectif est de lutter contre ce gouvernement de marionnettes imposé par Washington.

Le Mouvement du 1er Octobre qui n’a pu voir le jour vient du fait que la grande majorité des masses s’appuie encore sur leur principal ennemi, l’empire américain, et sur les renégats du pouvoir en place, pour leur rédemption. La résistance haïtienne renaîtra de ses cendres certainement grâce à sa jeunesse qui s’attaquera au fondement même du système d’exploitation. La vigilance et la protestation populaire des jeunes peuvent empêcher l’irréparable et dessiner dans un avenir proche, la meilleure voie possible. La réponse la plus plausible demeure une organisation cohérente et la persévérance dans la lutte.

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