Port-au-Prince, 9 novembre 2025 — Le ministre de facto de la Santé publique, Sinal Bertrand, fait face à une vague de critiques après une déclaration jugée choquante en réaction à un message de la distillerie Barbancourt, qui venait d’annoncer la mort d’un de ses employés blessé par balle. « Produire de l’alcool n’est pas la même chose qu’assurer la couverture sanitaire d’un pays », a-t-il affirmé, provoquant une avalanche de réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans les milieux médicaux.
Cette réaction, perçue comme désinvolte, survient dans un contexte où le système de santé haïtien est au bord de l’effondrement total. À l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, avant sa « disparition », des patients dorment sur les couloirs, faute de lits.
Dans les hôpitaux, les patients assument eux-mêmes le coût de leurs soins. Les maternités sont dépourvues de matériel, des femmes meurent en couches faute d’assistance, les salles d’urgence fonctionnent sans électricité stable et le personnel médical continue de travailler sans rémunération régulière. La santé publique haïtienne se trouve aujourd’hui à genoux, tandis que les autorités multiplient les déclarations sans présenter le moindre plan d’action concret.
Comparer une distillerie à la santé nationale relève d’une dérive inquiétante, a commenté Dr Josué Renaud de New England Humans Rights Organization (NEHRO). « L’alcool, soumis à une régulation économique, ne saurait servir d’argument pour justifier la défaillance d’un service public essentiel« . Les propos du Dr Sinal Bertrand témoignent d’une incompréhension profonde de la mission de son ministère : protéger la vie et garantir l’accès équitable aux soins pour chaque citoyen.
