Certains pays capitalistes développés sont persuadés d’avoir raison au sujet des pays ruinés par le colonialisme et ravagés par la politique néolibérale barbare qui leur a été imposée. Dans le cas d’Haïti, pays exploité et appauvri, tout va de travers. Nous vivons dans un État dont l’effondrement est si palpable qu’il contraint même une partie de la Communauté occidentale à feindre l’inquiétude face à notre déclin. Alors que notre avenir leur paraît sombre, ces prétendus bienfaiteurs qui se présentent comme des guides, des maîtres à penser, viennent nous donner des leçons sur tout, forts de leurs prétendus experts internationaux. Leur projet le plus ambitieux est de nous dicter la marche à suivre, soi-disant pour le développement du pays, mais il s’agit, en réalité, d’un moyen de nous tromper, de nous étouffer et de nous exploiter.
Il est évident que notre situation se détériore et que nous assistons à une explosion sociale, avec des taux sans précédent de pauvreté, de misère, de chômage et de sans-abris avec un système de santé inexistant où le pire est souvent considéré comme le meilleur. C’est si terrifiant et tellement insupportable que le peuple sidéré croit que c’est impossible. Pourtant, il s’agit bien d’une réalité qu’il est en train de vivre au jour le jour. Si l’intention des pays riches comme les Etats-Unis d’Amérique était vraiment d’apporter une solution qui serait favorable aux peuples du continent, jamais ils ne mettraient le feu aux poudres menaçant certains pays insoumis à leurs diktats, jusqu’à leur déclarer la guerre en cherchant à les faire sombrer dans le chaos.
À ce stade, le rôle d’un journal comme Haïti Liberté est de dire la vérité. Surtout de la dire au peuple haïtien afin qu’il comprenne les mensonges que la classe politique locale et les puissances impérialistes lui servent, comme si ce sont elles qui détiennent la solution, la formule magique, sorte de recette divine pour améliorer le sort des peuples. Elles le prétendent même puisqu’elles se placent en unique option capable de nous aider à échapper aux souffrances chroniques que nous endurons. Il est temps de mettre fin aux agissements de ces prétendus bons « Samaritains » parce qu’ils sont des grandes puissances, versant parfois des larmes de crocodile en faisant semblant d’agir de bonne foi, en toute conscience, voire même faisant preuve de solidarité. Alors que l’objectif est tout autre.
Dans la crise haïtienne, ces hypocrisies doivent cesser de masquer notre réalité quotidienne. Nous avons déjà trop compté sur nos élites politiques, économiques et intellectuelles qui ne possèdent aucune conviction nationaliste ni fibre patriotique. Bien que par son histoire Haïti soit une grande nation ayant apporté une contribution significative à la Communauté internationale dans des domaines divers, ces élites n’ont pas daigné mettre en avant ces contributions haïtiennes à la construction des sociétés modernes et préfèrent paradoxalement servir la classe dirigeante internationale plutôt que de défendre les intérêts de leur pays. Ces personnes, soumises au système capitaliste, sont incapables d’agir dans l’intérêt du pays ou du peuple haïtien. Tout ce qu’elles entreprennent, en effet, et tout ce qu’elles promettent n’est que l’occasion de continuer à servir leurs propres intérêts. Leurs actions démontrent clairement qu’elles travaillent sans l’ombre d’un doute pour l’ennemi du peuple et du pays.
À titre d’exemple, le nouveau décret électoral récemment adopté par les neuf membres du Conseil Electoral Provisoire (CEP), promulgué par les neuf marionnettes du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en accord avec le Premier ministre de facto Alix-Didier Fils-Aimé sous le diktat des Etats-Unis. Cette décision prouve de manière flagrante qu’elle est prise dans l’unique but de ne jamais résoudre cette crise multidimensionnelle. Le camp antinational cherche délibérément et ouvertement à asseoir l’ingérence accrue des institutions internationales sur Haïti afin de saper la résistance du peuple haïtien et de compromettre à jamais l’avenir du pays. Ces élections incertaines annoncées démontrent clairement que ce ne sont pas les Haïtiens qui décident de l’avenir d’Haïti, mais bien les ennemis du pays, les anciennes puissances esclavagistes, désormais capitalistes et impérialistes, qui déracinent les arbres de la nation.
D’où les raisons expliquant l’état de notre développement qui est au point mort aujourd’hui. Ne pouvant progresser, logiquement il régresse constamment, ce qui nous plonge dans un chaos sociopolitique quasi-endémique. Quoi qu’il en soit de la stratégie de Washington concernant la nécessité de garantir le droit des peuples à l’autodétermination et à la maîtrise de leur destin, nous ne pouvons rien attendre des vaines promesses des institutions à sa solde. Les déclarations du Secrétaire général de l’OEA, Albert Ramdin, lors de sa dernière visite en Haïti, préconisant la mise en place d’un nouveau gouvernement de transition à partir du 7 février 2026 dont la durée s’établirait entre six à douze mois témoignent des assauts combinés pour liquider la résistance populaire.
Cette mascarade vise surtout à empêcher les Haïtiens de sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Cette approche a toutes les chances d’envenimer la situation que de la résoudre surtout avec la complicité d’un Conseil Présidentiel de Transition qui ne fait que travailler au renforcement de la domination du système capitaliste et de l’impérialisme occidental en Haïti, dont l’idée même de paix est contraire à sa philosophie. De cette offensive du cercle des comploteurs impérialistes utilisant les mêmes processus électoraux, nous ne pouvons attendre qu’à une augmentation de la tragédie de l’insécurité et une multiplication de la violence. C’est tout ce que le système peut apporter de nouveau. La véritable question qu’on doit se poser : pouvons-nous, masses défavorisées et opprimées, mettre fin à cette spirale infernale de tutelle, cette pratique profondément enracinée aux mamelles du système capitaliste ?
La réponse est bien évidemment oui. Dans ce jeu macabre que joue l’empire du mal, les choses peuvent assurément et catégoriquement changer le jour où le peuple décidera de ne plus fermer les yeux sur l’inutilité évidente de ces élections orchestrées par des forces obscures pour empêcher tout changement. Pour éviter un autre scandale, la seule alternative est de mettre un terme au projet de domination en orientant l’opinion publique vers un choix décisif dans la lutte contre les impérialistes et leurs gouvernements fantoches successifs. C’est à ce moment seulement, que nous commencerons à entrevoir une lueur de changement, un espoir de développement pour une société nouvelle. Sinon, de l’offensive impérialiste américaine en Haïti, quelle que soit sa nature, nous n’avons rien à attendre !
