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Classe moyenne en Haïti : victime de la surtaxation douanière

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Haïti, autrefois surnommée le « pays agricole » de la Caraïbe, est aujourd’hui confrontée à une instabilité politique chronique, un effondrement économique et une insécurité persistante. Pour alimenter le trésor public, l’État repose essentiellement sur la taxation des importations. Si ce mécanisme peut se justifier dans un pays à faible production locale, le problème majeur réside dans le surtaxage de la classe moyenne, déjà marginalisée et dépourvue de pouvoir d’achat.

Une fiscalité douanière parmi les plus élevées de la région

Selon les données de la Banque mondiale, le taux des droits de douane appliqués en Haïti est l’un des plus élevés de la région, avec une moyenne pondérée de 10,5 % en 2006, ce qui est supérieur à la moyenne des membres de la CARICOM. En 2025, plus de dix ans plus tard, cette politique de surtaxation persiste, malgré la misère croissante de la population, affaiblie par l’insécurité et le contrôle des gangs. En comparaison, d’autres pays de la région, tels que la République dominicaine, appliquent des taux plus modérés, favorisant un environnement plus propice à l’investissement et à la croissance économique.

Une fiscalité inefficace et injuste

D’un point de vue économique, cette situation peut être analysée à travers le prisme de la théorie de la fiscalité optimale(Musgrave, 1959), qui stipule qu’une fiscalité efficace doit minimiser les distorsions économiques tout en garantissant une redistribution équitable. Or, en Haïti, les droits de douane élevés sur les biens de consommation et les équipements d’investissement freinent la consommation locale et découragent les initiatives entrepreneuriales.

L’expérience d’autres pays de la région, comme la République dominicaine ou la Jamaïque, montre qu’une réduction ciblée des taxes sur les investissements productifs stimule la création d’emplois et favorise la croissance économique locale. Par exemple, la République dominicaine a mis en place des exemptions fiscales pour l’importation de machines industrielles et a vu son secteur manufacturier croître rapidement, avec des effets positifs sur la classe moyenne et sur la réduction des inégalités.

Une politique fiscale discriminatoire envers la classe moyenne

En Haïti, un choix politique intelligent serait de réduire les taxes sur les biens d’équipement et les technologies capables de créer de l’emploi, tout en maintenant une fiscalité progressive sur les revenus et les fortunes élevées. La diaspora haïtienne pourrait également jouer un rôle en soutenant les investissements locaux, contribuant ainsi à réduire les disparités économiques et à renforcer la résilience de la classe moyenne.

Surtaxer systématiquement la classe moyenne est non seulement une pression économique injuste, mais aussi un signe que l’État n’a pas de stratégie cohérente pour soutenir le développement local. La fiscalité haïtienne, centrée sur l’importation, freine l’investissement national et limite le moteur principal de la croissance : l’investissement local. Une politique économique équilibrée devrait protéger les plus vulnérables, stimuler la production locale et encourager la classe moyenne à investir et consommer, renforçant ainsi la stabilité sociale et économique du pays.

Alceus Dilson, Communicologue, Juriste
Alceusdominique@gmail.com

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