Parc Macaya, le vendredi 4 avril 2025 – Le Conseil présidentiel de transition a récemment adopté une résolution visant à impliquer la Brigade de sécurité des aires protégées (BSAP) dans la lutte contre les gangs armés. Si, pour certains, cette décision semble répondre à un besoin sécuritaire urgent du pays, nous, organisations écologistes, tenons à alerter la population en général sur ses conséquences néfastes pour la préservation de l’environnement et la sauvegarde des aires protégées en Haïti.
Depuis des années, le pays est plongé dans une crise environnementale aiguë, aggravée par le manque de protection de ses écosystèmes. Dans ce contexte de crise multidimensionnelle, il est compréhensible que des mesures exceptionnelles soient envisagées. Toutefois, nous, organisations écologistes, restons fermes sur notre position : « Toute solution sécuritaire ne devrait pas se faire au détriment d’autres secteurs tout aussi vitaux, comme l’environnement. »
Nous rappelons que la Brigade de sécurité des aires protégées, créée officiellement en 2016 comme bras armé de l’Agence nationale des aires protégées (ANAP), a pour mission fondamentale de protéger nos parcs nationaux, nos forêts, nos réserves naturelles et historiques. Sa présence, bien que limitée, avait commencé à redonner espoir dans la lutte contre la destruction systématique de notre patrimoine écologique.
En transformant officiellement la BSAP en force de sécurité publique, on la détourne de sa mission environnementale. Pour nous, organisations écologistes, cette décision soulève des questions auxquelles le CPT doit répondre sans délai :
Qui protégera désormais nos aires protégées ?
Qui assurera la surveillance de nos sites naturels menacés ?
Quelle entité remplacera la BSAP pour défendre ce qui reste de notre patrimoine écologique ?
Il ne faut pas oublier que la déforestation, l’érosion, le tarissement des sources, l’assèchement des rivières et la perte de biodiversité affectent déjà des millions de personnes. La réduction de la Forêt des Pins à 12 000 hectares sur les 30 000 d’origine, et celle du Parc National La Visite à moins de 2 000 hectares, en sont des exemples frappants.
Sans surveillance, nos écosystèmes continueront à être pillés, et les conséquences seront dramatiques : baisse de la pluviométrie, famine, insécurité alimentaire, déplacements forcés et disparition des moyens de subsistance ruraux.
Aussi, si la BSAP mérite d’être réformée, réévaluée, voire épurée, ce doit être dans le but de renforcer sa capacité de surveillance environnementale, et non de la politiser ou de la militariser. À défaut, c’est l’environnement tout entier qui en paiera le prix.
Nous, organisations écologistes, réclamons donc une alternative claire et crédible pour assurer la sécurité des aires protégées d’Haïti. Nos forêts, nos rivières et notre biodiversité sont tout aussi importantes que la sécurité des citoyens. En négligeant l’environnement, c’est notre avenir commun que nous mettons en péril.
Nou pa ka chanje baton pou pay !
Le gouvernement doit proposer immédiatement une autre structure ou renforcer l’ANAP afin d’assurer la continuité de la mission de protection environnementale autrefois assurée par la BSAP.
Signataires :
Anel DORLEAN,Responsable Recherche…Téléphone : +509 4181-6168/3632-3759E-mail : ecoverthaiti02@gmail.com | Groupe d’Intervention Écologique d’Haïti (Ecovert-Haïti) |
Sara CADETCoordonnateur NationalE-mail : saracadet1983@gmail.com | Mouvement d’Appui pour le Développement des Collectivités Territoriales Haïti (MADECTH) |