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Haïti : De Repons Peyizan à PHTK — Élection-Sélection, Transition-Coup d’État

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Par Reynoldson Mompoint

Le 21 Avril 2025

Il fut un temps, pas si lointain, où le slogan “Repons Peyizan” résonnait comme une promesse de réhabilitation nationale. Une parole simple, tirée du terroir, offerte comme holocauste au peuple oublié. Mais très vite, ce qui fut promesse devint cancer. Car derrière les bottes de Jean-Bertrand Aristide, entre les silences complices de l’élite et les applaudissements mécaniques de la communauté internationale, se cachait déjà l’ombre d’un nouveau laboratoire politique : le PHTK, cette usine à produire des illusions électorales et des présidents par défaut.

2011, la sélection de Sweet Micky par les parrains internationaux, appuyée par une opération massive de désinformation, n’était pas le fruit du hasard, mais le début d’une stratégie à long terme : caporaliser l’État, dénaturer la fonction présidentielle, et transformer la transition démocratique en une farce bien huilée. Résultat ? Le pouvoir devint une scène de carnaval où la présidence fut réduite à une animation DJ, pendant que le pays s’enfonçait dans une descente vertigineuse vers l’anomie.

PHTK, ce n’est pas un parti : c’est une méthode. Une matrice. Une manière de gangréner la république avec des alliances mafieuses, des arrangements douteux, et des élections dont l’issue est écrite avant même que les urnes soient livrées. L’électorat ? Découragé. Le CEP ? Captif. Les résultats ? Validés par les ambassades. Voilà comment, de sélection en sélection, de manipulation en mascarade, nous avons remplacé le vote par le vol, le choix du peuple par le choix des puissants.

Et quand les contradictions internes du système PHTK sont devenues ingérables, on a vu fleurir un nouveau lexique : transition, accord, consensus, haut conseil bidon, gouvernement de facto. Autant de déguisements institutionnels pour masquer un fait simple : le pouvoir est confisqué, et le pays vit sous un coup d’État permanent. Pas de tanks dans les rues, certes, mais une militarisation rampante de l’insécurité, une criminalisation de la dissidence, et un effondrement planifié des normes démocratiques.

Aujourd’hui, Haïti est gouvernée non pas par un président, mais par une conspiration élargie : marchands influents, politiciens recyclés, patrons d’insécurité, et fonctionnaires zélés formant un conseil d’administration de la décadence. Leur mandat n’est pas de servir le peuple, mais de préserver un statu quo qui enrichit les uns pendant qu’il ruine les autres.

Repons Peyizan ? PHTK ? Transition ? Ce sont les chapitres d’un même roman noir, celui d’un peuple trahi, d’un État capturé, et d’une démocratie en coma artificiel.

Mais le peuple, lui, n’est pas dupe. Il attend. Il observe. Il caresse sa colère. Car l’histoire en Haïti, aussi tordue soit-elle, a une mémoire longue. Et quand elle décide de se venger, elle ne prévient pas.

Reynoldson Mompoint

Une plume insurgée, portée par une pensée libre et un courage rare, qui dérange autant qu’elle éclaire.

Mompointreynoldson@gmail.com

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