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La gestion catastrophique de la sécurité publique sous l’autorité du CPT

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L’insécurité chronique en Haïti est le résultat d’une combinaison de facteurs structurels, politiques et sociaux qui se sont aggravés au fil des années.​ Couplée de l’exclusion, qui est un terreau fertile pour la violence, l’inefficacité des moyens de communication et d’identification des citoyens rend difficile la concrétisation de tout projet de sécurité publique. À la question rhétorique où sont-passés les enfants des rues ? La réponse tragique est plutôt évidente. À la lecture des statistiques de la composition des foyers de gangs, ces enfants non scolarisés et qui dormaient à la belle étoile sont enrôlés par le groupe terrorisme « Viv-Ansanm ». Aux multiples facteurs sensibles qui entravent la restauration de la sécurité au pays, l’on ne saurait manquer de souligner la déliquescence des institutions étatiques orchestrée subrepticement par des acteurs internationaux qui ont des intérêts cachés dans le chaos en Haïti. Bien que la problématique sécuritaire soit complexe, il revient aux autorités de ne jamais oublier que leur mission fondamentale consiste à assurer la protection des populations et de leurs biens.

Désignant l’ensemble des dispositifs, institutions et actions déployés par l’État pour protéger les personnes et les biens, la sécurité d’un pays relève principalement de la responsabilité des autorités publiques. Dans le contexte politique actuel, le Conseil présidentiel étant le garant de la bonne marche des institutions. Ainsi, il est détenteur de cette mission d’assurer le maintien de l’ordre dans l’espace collectif haïtien à travers la prévention des troubles sociaux, la dissuasion des actes criminels et la gestion efficace des situations d’urgence. Alors que cette mission implique des approches stratégiques à la fois préventives et répressives, l’État haïtien adopte une posture défensive face aux assauts des criminels ayant pris d’assaut des bastions symboliques de la sécurité, tels que les commissariats de police. De surcroît, les rares opérations offensives de la PNH qui ont abouti à des succès ponctuels n’ont pas été consolidées, laissant le terrain à une insécurité persistante.

Les corolaires de la production de la sécurité publique – garantie de la paix sociale, lutte contre la criminalité et la violence et intervention efficace face aux catastrophes naturelles et aux accidents – supposent des institutions et des compétences appropriées en la matière. D’où le rôle essentiel des forces de l’ordre (police, armée), la protection civile (pompiers, systèmes d’alerte), ainsi que les dispositifs de prévention (campagnes de sensibilisation, action sociale) et l’appareil judiciaire chargé de sanctionner les infractions. En dépit d’un an d’existence, le CPT n’est remarquable que par ses actes déplorables, particulièrement la corruption et le détournement de fonds publics. S’il n’engage aucune action concrète pour dissuader les bandits dans leurs opérations destructrices, le CPT reste tout aussi inactif sur le plan judiciaire pour lutter contre l’impunité. Ce conseil présidentiel mosaïque a raté l’occasion de prendre avantage des sanctions internationales en procédant à un suivi légal contre des contrebandiers économiques et des entrepreneurs politiques indexés dans les crimes humains et financiers. Les États-Unis, le Canada et l’ONU ont châtié plusieurs dilapidateurs et facilitateurs des crimes transnationaux tout en confisquant leurs richesses accumulées dans le blanchiment. Pourtant, dans une lâcheté sinon une connivence déconcertante, l’État haïtien laisse circuler ces masterminds du crime en toute impunité. Mauvais signal !

La sécurité n’est pas l’affaire de la Vierge 

Déléguer la tâche de la sécurité à la Vierge Marie revient à abandonner le peuple au sort tragique qui lui est réservé. Le décès de l’éminent pape François augure une mission ratée de ces arrivistes politiques trempés dans la corruption et la complicité avec le banditisme. Ils ne seront pas gênés d’étayer plus tard que c’est en raison du deuil pontifical qu’ils n’ont pas tenu la promesse d’ouvrir des routes ou de rétablir la sécurité. Les fidèles serviteurs de la dialectique ne manqueront pas de signaler à leur attention que ce serait un prétexte. Car, ineptie de croire que le Vatican – nageant dans une luxueuse opulence qui privilégie la somptuosité de la vanité à la virtuosité de la sécurité en tous lieux – invoquerait les saints pour sortir Haïti du labyrinthe. Si l’État veut, la justice peut.

De la même façon que tout être sain d’esprit ne se confierait pas à la spiritualité pour traverser un highway les yeux bandés, une gouvernance ne saurait déléguer la tâche régalienne de restaurer la paix et la sécurité d’une Cité entre les mains de la Vierge Marie. Nul ne saurait donc méconnaitre la portée de la foi dans une pléiade de miracles humains. D’ailleurs, toute œuvre magnifique naît d’un grain de folie, et donc d’une foi inébranlable. Cependant, la foi sans les œuvres serait morte. De son lieu d’architecte chevronné, Lesly Voltaire devrait être persuadé que toute réalisation, qu’il s’agisse d’une simple tonnelle ou d’un gratte-ciel, suppose au préalable une vision, et donc un plan d’exécution. Pour avoir été dans les arcanes de la finance publique mondiale, à titre d’ancien gouverneur de la Banque centrale, Fritz Jean ne peut ignorer l’importance de la planification dans l’implémentation d’un projet. 

L’ancien sénateur Edgard Leblanc ainsi que les autres professionnels affairistes de cette entreprise politique championne de l’infamie ne sont pas non plus des cons. Ils sont censés être conscients des répercussions néfastes de leurs actions ou leurs inactions sur le devenir du peuple haïtien. En prétendant remettre les clés de la Cité à la Vierge Marie pour garantir le sauvetage national, ce serait donc à dessein que ces « idiots utiles », perçus comme des esclaves à talent au service de la flibusterie internationale, participent activement à la mission de néantiser Haïti.  

Sécurité, vocation de la science 

Les organes vitaux et sensoriels – tels que le cerveau, la main, la bouche, les oreilles, les yeux – nous ont été pourvus pour percevoir, explorer et interagir avec le réel, tout en élaborant des stratégies permettant de le transformer. Ainsi, grâce au travail humain qu’il soit élémentaire ou hautement complexe, le monde bénéficie des merveilles issues de la créativité humaine. Les innovations, les inventions et tous les édifices servant de piliers à la modernité sont le fruit de l’imagination et des investissements dans la recherche et le développement. Les réponses aux défis auxquels est confrontée l’humanité naissent de l’engagement de ressources humaines et logistiques adéquates. Telle est la direction que toute société, qu’elle soit gouvernée par une présidence légitime ou de facto, devrait emprunter. Qu’il soit coiffé par les élections ou des sélections, le pouvoir demeure magistral entre les mains de ceux qui en détiennent les clés. 

Dans toutes les sphères de la vie, notamment au niveau de la magistrature suprême d’une nation, le Créateur met à la disposition de ses créatures une panoplie de moyens matériels et intellectuels pour apprivoiser le cosmos et améliorer les conditions de vie sur la planète. Dans le domaine de la sécurité et la sûreté publique, un pool de capital humain – criminologues, sociologues, policiers, militaires, informaticiens et autres spécialistes en sécurité – a été formé pour concevoir et exécuter des projets de politique publique au profit des institutions régaliennes. Dans d’autres champs tels que la production, la santé et la construction, les économistes, médecins et ingénieurs exercent leurs métiers en invoquant suivant le problème des concepts et des méthodes pour en fournir des solutions. Un État piloté par des visionnaires prépare et mobilise dans les ressources humaines qualifiées en vue de produire des résultats bénéfiques à la collectivité. 

Les dynamiques économiques et sociodémographiques sont cernées à travers la science, outil que Dieu a mis à notre disposition, pour créer la richesse et la partager de manière équitable. Vierge Marie ne voit que dalle dans ce désastre humain que des flibustiers étrangers et des traîtres Haïtiens ont sciemment créé dans la quête aveugle de satisfaire leurs désirs mesquins. La mission visant à garantir la sécurité et fournir des moyens adéquats pour faciliter le peuple à vaquer à ses occupations est dévolue à des gouvernants désintéressés à l’enrichissement illicite, mais conscients de la primauté du bien-être collectif sur des projets égocentriques. Voilà ce que le peuple haïtien attendait du CPT, pas des suites de scandales de malversations.

Temps de prière ou d’action ?

Honneur aux oints de l’Éternel qui ont tracé des voies salutaires en accomplissant particulièrement dans les temps anciens les missions divines de performer des miracles pour libérer des nations tenues en captivité. À cet égard, Moïse dévoué à libérer l’Israël ou Joseph au service du Pharaon, il s’agit d’un temps reculé où la science n’était pas encore avancée pour relever avec efficacité les défis humains. À ces époques de la domination de la croyance, les mythes qui assignaient un dieu à chaque phénomène inexpliqué par l’homme avaient un certain fondement. Par contre, en ces temps modernes, même si les scientifiques montrent des limites dans certains domaines, les phénomènes naturels sont expliqués par des faits. Il est dévolu à la science la noble tâche d’apporter des réponses congruentes aux multiples défis soulevées par l’humanité. La sécurité est l’un parmi les chantiers où l’État est appelé à exercer sa puissance.    

Au Salvador, par exemple, le président Nayib Bukele ne comptait pas sur des pasteurs, des prêtres ou des hougans pour formuler l’antidote au fléau de la criminalité. Pour neutraliser les gangs a qui l’alternative de la prison ou le cimetière a été offerte, des stratégies de contrôle militarisé des quartiers ont été développées à travers le déploiement de policiers et soldats dans des zones à forte présence de gangs. Dans plusieurs pays de la région – tels que comme la Colombie, le Mexique, le Venezuela, la Jamaïque – la victoire contre les milices, le narcotrafic et le terrorisme a été scellée grâce au leadership de gouvernants qui ont su mobiliser des experts et des forces officielles pour réaffirmer que seul l’État possède le monopole de la violence légitime. Haïti ne pourra sortir de l’impasse sans une volonté politique ferme de la part de ceux qui détiennent le pouvoir. 

Sans sous-estimer la portée de la dimension spirituelle pour façonner l’être humain qui n’est pas né bon d’ailleurs, il ne revient pas aux saints et aux anges de réaliser les œuvres humaines. La mission régalienne de produire la sécurité publique ne peut donc être dévolue à des figures religieuses ou à une quelconque intervention divine. Implorant la vierge Marie dans une oraison mystique sans surprise inexaucée – qui visait à asphyxier les larrons et exorciser les démons qui sèment le deuil et la terreur dans la Cité – le CPT passe à côté de ses attributions. Puisque la sécurité est incontournable pour le bon fonctionnement du système et la coexistence pacifique entre les citoyens, le CPT ne réalisera les élections qu’à la Saint-Glinglin (quand les poules auront des dents).

Plutôt que de s’en remettre à Saint Joseph, à la Vierge Marie ou à Notre-Dame, les dirigeants responsables s’adossent à l’exercice infrangible de solliciter l’intelligentsia dans sa vocation d’éclairer les projets de société. Il revient aux spécialistes et aux experts de faire usage de modèles et de techniques d’analyse afin de prédire les années de vaches maigres et de vaches grasses en vue de prendre des mesures judicieuses pour gérer les recessions et la surabondance dans la rationalité. 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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