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Ralf Dieudonné JN MARY : Haïti ne sera pas sauvée par une révolution, mais par une reconstruction lucide

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Dans les rues,

dans les débats,

dans les cœurs fatigués,

une idée revient sans cesse.

Un refrain répété dans les discours, les conversations :

« Il nous faut une autre révolution. Une autre 1804. »

Certains le disent avec ferveur.

D’autres avec rage.

Comme si une flambée de colère pouvait réparer des fondations effondrées.

Comme si tout recommencer à zéro valait mieux que réparer, pierre après pierre, ce que nous avons laissé tomber.

Et si, justement, le salut d’Haïti ne venait pas d’un soulèvement…

 mais d’un éveil ?

Nous ne sommes plus en 1803.

Les batailles d’aujourd’hui ne se gagnent

ni à coups de sabre,

ni à coups de slogans.

Elles se gagnent avec lucidité.

Avec stratégie.

Avec alliances.

Et surtout, avec un travail profond sur nous-mêmes.

Oui, Haïti peut sortir de son trou.

Mais pas en brûlant des ambassades.

Pas en promettant le chaos comme remède.

Pas en rêvant d’un grand soir pour masquer le vide du jour.

Nous ne manquons pas de courage.

Mais de conscience.

Une conscience géopolitique, d’abord.

Car aucun pays n’avance seul contre tous.

Aucun chef d’État sérieux ne peut ignorer les puissances de sa région,

tout en croyant bâtir l’avenir avec celles d’ailleurs.

La coopération n’est pas une reddition.

C’est une stratégie.

Une arme d’intelligence.

Un levier d’équilibre.

Et elle ne se choisit pas au hasard.

Elle se pense.

Elle se prépare.

Elle s’assume.

Ce que certains appellent « révolution » n’est souvent qu’un refuge

Un refuge pour ne pas réfléchir.

Un raccourci pour ne pas nommer nos erreurs.

Un mirage commode pour ne pas dire :

Nous avons mal choisi.

Nous avons raté des occasions.

Nous avons répété les mêmes fautes, encore et encore.

Et pendant ce temps, d’autres peuples,

parfois plus petits,

parfois plus pauvres,

avancent.

Non par miracle.

Mais par patience.

Par rigueur.

Et par coopérations stratégiques, bien négociées.

Des coopérations régionales réalistes. Pragmatiques.

Comme lorsqu’on échange un savoir-faire agricole avec la République dominicaine

pour renforcer la sécurité alimentaire des deux côtés de la frontière.

Comme lorsqu’on obtient des bourses de formation technique avec les États-Unis

pour former des jeunes en énergie, en numérique, en santé communautaire.

Comme lorsqu’on développe des corridors économiques sous-régionaux

entre Haïti, la Jamaïque et les Bahamas

pour faciliter le commerce maritime.

C’est là que commence la vraie souveraineté :

dans la capacité de négocier des partenariats qui élèvent.

Haïti n’a pas besoin de fuir. Elle a besoin de se reconstruire.

Combien de jeunes rêvent aujourd’hui de partir ?

Et qui pourrait leur en vouloir ?

Mais notre vraie bataille n’est pas là.

Ce n’est pas de partir vers l’endroit où tout est déjà construit.

C’est de rester.

De bâtir ici ce que d’autres croient impossible.

Nous devons cesser de chercher un ailleurs.

Et commencer à réenchanter l’ici.

Mais pour ça, il faut d’abord réapprendre à nous aimer

Haïti doit redevenir désirable.

Non pas seulement pour les autres.

Mais pour ses enfants.

Pour que, partout dans le monde,

on rêve de devenir Haïtien.

Pas uniquement pour notre histoire.

Mais pour notre culture.

Notre dignité.

Notre capacité à créer du beau, du solide, du vrai.

Et tout cela commence par un travail lent.

Profond.

Essentiel.

Chaque foyer doit redevenir une école d’espérance.

Chaque famille, un lieu de transmission.

Chaque église, un foyer d’amour pour la patrie.

Chaque salle de classe, un atelier de responsabilité.

Chaque conversation, un moment d’éveil citoyen.

Il nous faut former l’Haïtien de demain :

Celui qui ne se contentera plus de rêver d’un passé glorieux,

ou d’un chaos libérateur…

Mais celui qui comprendra les rapports de force,

qui saura négocier,

et qui choisira de bâtir, là où d’autres auraient fui.

Ce n’est pas une révolution qu’il nous faut. C’est une renaissance.

Une renaissance dans nos cœurs.

Dans nos idées.

Dans nos choix.

Dans notre manière de nous tenir face au monde.

Ce n’est pas 1804 qu’il faut rejouer.

Ce sont les années à venir qu’il faut écrire.

Avec clarté.

Avec courage.

Avec coopération.

L’heure n’est pas à la colère.

Elle est à la construction.

Et cette construction commence maintenant.

Par toi.

Par moi.

Par nous tous.

Ralf Dieudonné JN MARY 

Ce n’est pas 1804 qu’il faut rejouer.

Ce sont les années à venir qu’il faut écrire.

Avec clarté.

Avec courage.

Avec coopération.

Auteur : Ralf Dieudonné JN MARY 

Auteur, conférencier, mentor et enseignant haïtien. Ingénieur civil diplômé de la Faculté des Sciences de l’Université d’État D’Haïti.

jeanmaryralf@gmail.com 

Téléphone : +509 34520855

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