Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi la conclusion d’un accord commercial « total et complet » avec le Royaume-Uni, marquant une première percée depuis le lancement de sa politique de relèvement des droits de douane, dans un contexte de tensions commerciales mondiales.
« L’accord avec le Royaume-Uni est total et complet, il cimentera la relation entre les États-Unis et le Royaume-Uni pour de nombreuses années », a déclaré M. Trump sur son réseau social TruthSocial, avant une allocution prévue à 10 h (heure de l’Est) depuis le bureau Ovale. Il a également promis que « de nombreux autres accords […] suivront ».
Le premier ministre britannique Keir Starmer doit s’exprimer à son tour dans la journée. Londres et Washington négociaient depuis plusieurs semaines dans l’espoir d’aboutir à une levée des surtaxes imposées par les États-Unis sur les exportations britanniques, dont une taxe de 25 % sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, ainsi qu’un tarif de 10 % sur l’ensemble des produits.
Bien que qualifié de « total et complet » par le président américain, l’accord reste entouré d’incertitudes. Des analystes estiment qu’il pourrait s’agir davantage d’un cadre préliminaire que d’un traité formel. « Il faut des années pour négocier des accords commerciaux complets », ont rappelé les économistes de Deutsche Bank. Jonathan Portes, professeur au King’s College de Londres, y voit une « opération de limitation des dégâts », bien qu’elle puisse apporter un « soulagement » aux entreprises britanniques.
L’industrie automobile britannique, fortement exposée aux surtaxes américaines, devrait bénéficier en priorité de cet accord. Les États-Unis ont représenté en 2024 le principal marché hors UE des constructeurs britanniques, avec des exportations totalisant 9 milliards de livres.
Selon la chaîne Sky News, Londres aurait offert des concessions dans le domaine agricole et pourrait envisager un assouplissement de sa taxe numérique frappant les géants technologiques américains – une mesure qui rapporte actuellement 800 millions de livres par an, mais dont la suppression potentielle suscite la controverse au Royaume-Uni, en pleine cure d’austérité budgétaire.
« J’agirai toujours dans notre intérêt national, pour les travailleurs, les entreprises et les familles », a assuré M. Starmer, alors que son gouvernement vient également d’annoncer un accord commercial avec l’Inde.
Si les États-Unis représentent le deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni, l’Union européenne demeure de loin son principal interlocuteur, pesant pour 40 % des échanges. La ministre britannique des Finances Rachel Reeves a récemment souligné que la relation avec Bruxelles était « sans doute encore plus importante » qu’avec Washington.
Le Royaume-Uni accueillera le 19 mai un sommet inédit avec les dirigeants des institutions européennes, le premier du genre depuis le Brexit.