2ᵉ Sommet Afrique-CARICOM | Un jalon dans le rapprochement transatlantique
Le 2ᵉ Sommet Afrique-CARICOM, tenu au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, a été qualifié de « retour aux sources » par la secrétaire générale de la CARICOM, Dr Carla Barnett. Cette rencontre, la première en présentiel après l’édition virtuelle de 2021, incarne selon elle une « manifestation tangible » de la volonté politique de surmonter la fracture historique entre l’Afrique et ses diasporas.
Au cœur de son allocution d’ouverture, Dr Barnett a insisté sur les liens de parenté forgés par l’histoire douloureuse de la traite et de la colonisation, mais aussi sur la vitalité de l’héritage partagé. « Malgré des siècles de séparation par un océan, un système colonial et un ordre économique international, nous demeurons connectés par un esprit et un patrimoine communs », a-t-elle souligné, rappelant que cette mémoire collective se conjugue désormais en stratégie de coopération.
Santé, commerce et connectivité
Depuis le premier sommet, un Mémorandum d’entente CARICOM-UA a permis la mise en place de mécanismes institutionnels, dont le lancement du Health Development Partnership for Africa and the Caribbean (HeDPAC), visant à renforcer les capacités sanitaires conjointes. De même, les relations avec la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) se sont consolidées, avec l’ouverture d’un siège régional à la Barbade et l’organisation du Forum AfriCaribbean Trade and Investment dans plusieurs États caribéens.
Dr Barnett a par ailleurs rappelé l’urgence d’améliorer les liaisons aériennes et maritimes entre les deux régions. À titre d’exemple, elle a cité le projet de coentreprise entre Antigua-et-Barbuda et le Nigeria (LIAT 2020), destiné à renforcer la mobilité intra-caribéenne et à ouvrir la voie à un meilleur maillage transatlantique.
Climat, justice réparatrice et gouvernance mondiale
L’agenda du sommet ne s’est pas limité à la coopération sectorielle. Les dirigeants ont évoqué la nécessité d’une action commune pour réformer l’architecture financière internationale, dans l’esprit de l’Initiative de Bridgetown. Face au défi climatique, la secrétaire générale a rappelé que l’Afrique et la Caraïbe ne représentent que 6 % des émissions mondiales mais subissent de plein fouet les effets du réchauffement.
Le sommet, placé sous le thème de la justice réparatrice, s’inscrit dans la dynamique de la deuxième Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine et dans l’initiative de l’UA déclarant 2025 « Année de la justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les réparations ». La CARICOM Reparations Commission, active depuis plus d’une décennie, a offert une base intellectuelle à ce mouvement qui appelle désormais à une mobilisation unifiée des deux rives de l’Atlantique.
Une convergence panafricaine
À travers ces débats, le sommet a convoqué l’héritage des figures panafricanistes – Marcus Garvey, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, entre autres – pour souligner l’importance d’un front commun Sud-Sud dans un ordre international en recomposition. Addis-Abeba devient ainsi le théâtre d’un rapprochement inédit entre deux espaces longtemps séparés, mais porteurs d’une mémoire et d’un avenir collectifs.
