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De Blinken à Guterres – Février 2024 – Février 2025 : Un an de paroles creuses face au chaos haïtien

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minute de la rédaction

Un an, deux voix, aucune solution : Haïti dans l’éternelle crise

Les discours de la communauté internationale sur la crise haïtienne se suivent, se ressemblent et, hélas, s’effacent devant le fracas des armes et le silence assourdissant des victimes. En février 2024, lors du sommet des ministres des Affaires Etrangères du G20 à Brasilia, Antony Blinken, Secrétaire d’Etat américain, brosse un tableau édifiant de l’effondrement d’Haïti : 80% de Port-au-Prince sous le contrôle des gangs, plus de 1100 personnes tuées, blessées ou enlevées en un mois, des réseaux criminels utilisant le viol comme arme de terreur. M. Blinken évoque la dévastation des infrastructures essentielles, l’insécurité alimentaire qui conduit la moitié du pays au bord de la famine et l’urgence humanitaire à laquelle trois millions d’enfants sont confrontés. Alors que ces chiffres effrayants plaident en faveur d’une intervention résolue, la réponse américaine se borne à une aide ponctuelle, à la distribution de fonds et à des appels répétés en faveur d’une gouvernance inclusive. Mais sous les mots se cache aussi le reflet d’une impuissance masquée par les chiffres et les sanctions diplomatiques.

Un an plus tard, février 2025. Même décor, mêmes maux. Cette fois, c’est la voix du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui résonne à Bridgetown, lors d’un sommet du CARICOM. Son annonce d’un « nouveau modèle » de financement de la mission de sécurité en Haïti s’inscrit dans la longue tradition des réinventions superficielles de l’ONU. Inspiré du dispositif mis en place en Somalie, le plan vise à renforcer les contingents déjà présents sur le terrain, dont plus de 800 policiers kenyans. Mais cette gesticulation militaire, déployée sans vision d’ensemble, sonne comme une énième tentative de colmater les brèches d’un Etat en perdition. Derrière les chiffres et les promesses, les gangs continuent d’imposer leur loi, les écoles restent fermées, les commerces à l’arrêt, et les rues de Port-au-Prince basculent dans le chaos.

Entre le sérieux des déclarations et la triste réalité du terrain, le décalage est criant. Les communiqués diplomatiques s’accumulent, soigneusement formulés, ponctués de chiffres et d’appels à l’action, mais les faits résistent. Pire encore, le rapport dévastateur de Transparency International, qui attribue au Conseil Présidentiel de Transition (CPT) une note de 16 sur 100, dévoile un mal plus profond : la corruption endémique qui ronge l’appareil d’Etat. Ce signal d’alarme, ignoré par les grandes puissances et les instances régionales, met à nu l’aveuglement volontaire des partenaires internationaux, plus préoccupés par la gestion de leur image que par l’impact réel de leurs actions.

Entre les lignes des déclarations officielles, Haïti est enfermé dans un cycle infernal. Les gangs prospèrent, les innocents tombent, les institutions s’effondrent et la diplomatie s’enlise dans ses propres postures. Ni les millions de dollars injectés, ni les discours martelés dans les forums internationaux n’ont modifié la trajectoire d’un pays qui se rapproche de plus en plus de l’abîme. Le temps passe, les mots changent, mais la réalité du terrain est implacable : les lignes ne bougent pas.

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