
Le géographe Wisnel Joseph, animateur du podcast « Haïti est aussi ici », soutient que l’image négative d’Haïti est le résultat d’un projet historique visant à isoler et à affaiblir la première république noire du monde. « Haïti n’est pas un pays pauvre, mais Haïti est un pays appauvri. Il a été pillé, kidnappé », confie-t-il à BdF Interview, sur Rádio Brasil de Fato.
Selon Joseph, l’objectif du podcast est de déconstruire les stigmates et de révéler la véritable dimension historique d’Haïti. « Haïti a une histoire immense qui a contribué à la liberté de toute l’Amérique latine. Mais aujourd’hui, quand on parle d’Haïti, la première image qui vient à l’esprit est la pauvreté, la guerre et le tremblement de terre », déplore-t-il. Pour lui, ces images sont la conséquence d’un projet colonial qui cherche à « confirmer la théorie selon laquelle un État noir ne peut pas se gouverner lui-même ».

L’Haïtien rappelle qu’après l’indépendance en 1804, le pays a été contraint de payer une dette impayable à la France comme condition à sa reconnaissance internationale. Il a ensuite subi des occupations et des invasions par les États-Unis. « Haïti a été isolée, sanctionnée et pillée. La France a affaibli l’économie de la jeune nation, puis les États-Unis ont transformé le pays en un laboratoire de main-d’œuvre bon marché », note-t-il.
Analysant le présent, il critique la dépendance créée par les missions internationales, comme la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), dirigée par le Brésil en 2004. « S’ils m’aident, ils doivent m’aider, alors je n’ai plus besoin d’eux. La MINUSTAH a quitté Haïti en 2017, et l’année suivante, la situation s’est aggravée et continue de le faire aujourd’hui », note-t-il, rappelant les violations des droits humains commises pendant la mission.
Pour Joseph, la solution réside dans le renforcement interne. « Nous devons croire en nos institutions, leur donner de l’autonomie et investir en elles, car nos expériences avec l’ONU n’ont donné aucun résultat », déclare-t-il.
Edité par Maria Teresa Cruz
Brasil de Fato 17 septembre 2025