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L’Edito du Rezo : « Malheur à toi, pays, dont le roi est un enfant » (Ecclésiaste 10:16)

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L’Edito du Rezo

La valeur n’attend pas le nombre des années ? Leçon haïtienne d’un désastre

Il arrive que l’histoire d’ Haiti se joue dans un paradoxe : celui d’un jeune homme, à peine sorti de l’adolescence, porté à la tête de la nation, et d’un peuple qui, dans un moment de foi ou d’égarement, y voit une promesse. Haïti, le 22 avril 1971, a été ce théâtre improbable. Un jeune de dix-neuf ans, mineur dans la plupart des traditions politiques, devient — symboliquement (se cachant derrière sa mère) ou réellement — l’âme dirigeante d’un pays à la dérive. Quinze ans plus tard, le rêve s’épuise, l’espoir s’effondre. En 2025, le pays s’enfonce dans un chaos dont nul ne peut encore mesurer la profondeur.

Cette trajectoire invite à méditer une parole de sagesse antique : « Malheur à toi, pays, dont le roi est un enfant » (Ecclésiaste 10:16). Car diriger exige plus que du charisme : cela requiert un rapport éprouvé au temps, à l’histoire, à la responsabilité. Et pourtant, la tradition française nous rappelle que « la valeur n’attend pas le nombre des années ». Ainsi, le problème n’est pas tant la jeunesse en soi que ce qu’un pays projette sur elle : naïveté ou clairvoyance ? messianisme ou manipulation ?

Aux âmes bien-nées, il faut parler non pas avec complaisance, mais avec lucidité. Haïti, qui en 1975 s’éloignait déjà du concert des nations en progrès, n’a fait que s’abîmer davantage dans l’instabilité, la corruption, et le pillage systématique de ses ressources — matérielles, morales, spirituelles. Ceux qui aujourd’hui veulent comprendre ce naufrage doivent revenir aux sources : comment une nation peut-elle confondre jeunesse et sagesse ? Et qui a intérêt à ce que l’enfant règne là où il faudrait un bâtisseur ?

Il faut dire aux âmes de bonne volonté, à celles qui croient encore à la dignité haïtienne, que l’histoire n’est pas finie. Mais elle ne recommencera pas tant qu’on ne reconnaîtra pas la gravité d’avoir confié le destin d’un peuple à l’illusion d’un salut sans maturité, sans transmission, sans fondement. Ce n’est pas l’âge qui sauve, c’est l’éveil à la responsabilité.

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