Reynoldson Mompoint
Port-au-Prince
Le 02 mai 2025
Il y a des figures qui, rien qu’à leur évocation, font grincer les dents des consciences éveillées. Kelly C. Bastien n’est pas un accident politique : il est un produit chimiquement pur de la compromission haïtienne. L’homme incarne cette classe politique post-1986, nourrie aux mamelles de la combine, biberonnée à la diplomatie du ventre plein, et convertie à la religion du silence confortable.
Quand Bastien prend la tête du Sénat, ce n’est pas la souveraineté populaire qui l’habite, c’est plutôt la docilité stratégique face aux diktats des ambassades. Ce président du Sénat, au lieu de défendre l’institution, passait plus de temps à négocier dans les salons climatisés de Pétion-Ville que dans les couloirs brûlants du Parlement. Il fut, sans gêne, le ti nèg du Core Group, toujours prêt à ajuster une déclaration, retarder un vote ou saboter une motion selon les caprices de l’international.
L’homme de l’Acul du Nord a toujours été là, comme un maître dans l’art de l’indignation programmable. Quand les masses criaient contre les budgets criminels, lui il appelait au « dialogue », un mot valise pour enterrer toute contestation. Quand les rues étaient rouges de sang, il apparaissait à Vision 2000 pour dire « c’est regrettable », puis retournait s’asseoir avec les bourreaux. Il ne prend jamais position. Il attend que la position dominante émerge, puis il s’aligne en bon entendeur.
Rescapé miraculeux du séisme du 12 janvier 2010, il aurait pu devenir la voix d’un renouveau. Au lieu de cela, il a brillé par son absence. Pas une proposition majeure, pas une posture courageuse, pas un seul acte politique digne d’un survivant conscient. Ce que Bastien a fait, c’est rentabiliser sa cicatrice. Il s’est mué en rescapé professionnel, invité de conférences creuses, répétant ad nauseam la même anecdote morbide pendant que les morts n’avaient même pas de sépulture.
Dans l’affaire PetroCaribe, Bastien joue aux vierges effarouchées. Mais qui a oublié son silence complice sur les détournements massifs, quand il siégeait dans des commissions de supervision ? Qui a oublié sa proximité avec plusieurs barons corrompus, notamment dans les secteurs de la reconstruction, où il a fermé les yeux sur des contrats bidon passés à des entreprises fantômes pour des ponts jamais construits et des routes jamais asphaltées ? Le kelly savait. Et il a choisi de se taire. C’est ce silence qui fait de lui un complice actif du pillage.
Quand ce n’est pas comme sénateur, c’est comme consultant. Quand ce n’est pas comme président de commission, c’est comme intermédiaire discret dans une commission bidon montée pour désamorcer une crise. Kelly C. Bastien est un homme-patch : on l’applique, on le retire, on le réutilise. Il ne dérange jamais, il arrondit. Il ne porte jamais de feu, il ventile les braises, c’est sa sacro-sainte mission.
L’ancien député n’a jamais été un TIG, mais il a toujours été là. C’est ça le drame. Il ne mord pas, il s’infiltre. Il ne se bat pas, il observe. Il ne construit pas, il commente. Il est le résumé vivant de ce qui tue Haïti : l’absence de colonne vertébrale politique, la collaboration douce avec l’ordre établi, et la culture du non-positionnement.
Le Directeur de Partenariat et de coopération internationale au sein de L’UPNCH n’est pas un criminel spectaculaire. C’est pire. C’est un homme sans impact, sans courage, sans feu. Et pourtant, il a occupé les plus hautes fonctions : Président et vice président de l’Assemblée Nationale. Ça pue !
Kelly Bastien, c’est un pauvre genre loyal, l’antihéros parfait de notre décadence : propre sur lui, sale dans l’âme.
Le Nord historique et touristique ne se fait politiquement représenter plus depuis 1986.
Reynoldson Mompoint
