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CPT : Un an, six millions de dollars de salaire officiel, zéro territoire reconquis, des milliers de morts

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L’Edito du Rezo

Premier anniversaire du Conseil Présidentiel : six millions de dollars de salaires officiels — « sa nou konnen » —, deux chefs de gouvernement éphémères, un pays livré au chaos. L’accord du 3 avril ayant institué le Conseil Présidentiel de Transition, et qui ne prévoyait pas de présidence tournante, n’a jamais été publié dans le journal officiel de la République.

Douze mois se sont écoulés depuis la mise en place du Conseil Présidentiel de Transition. Malgré des dépenses salariales s’élevant à six millions de dollars pour ses membres et la nomination de deux Premiers ministres, Haïti demeure plongée dans un chaos profond, marqué par l’expansion des gangs et l’effondrement total des institutions.

La mise en place du CPT s’accompagnait de l’espoir d’une stabilisation politique et d’une relance institutionnelle. Cependant, les résultats escomptés ne se sont pas matérialisés. Deux Premiers ministres se sont succédé sans parvenir à instaurer des politiques publiques efficaces ni à restaurer l’autorité de l’État. Les décisions stratégiques se sont révélées insuffisantes face à l’ampleur des défis sécuritaires et socio-économiques. La population, confrontée à une détérioration continue de ses conditions de vie, exprime un désenchantement croissant à l’égard des autorités de transition

Le premier anniversaire du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en Haïti offre un bilan aussi onéreux qu’accablant. Instauré pour rétablir un semblant d’ordre institutionnel, le CPT se compose de neuf membres, chacun bénéficiant d’une rémunération moyenne de 60 000 dollars américains par mois. Ce montant, multiplié par neuf membres et par douze mois, équivaut à une dépense d’environ 6 480 000 dollars pour l’État haïtien, soit une somme faramineuse dans un contexte d’effondrement économique et de délitement complet des structures publiques.

À ce coût financier s’ajoute un constat d’échec patent sur le plan sécuritaire et politique. En un an, aucune reconquête territoriale significative n’a été menée contre les groupes armés qui se disputent désormais ouvertement la souveraineté nationale. Le chaos s’est approfondi : les territoires sous l’emprise des gangs n’ont cessé de s’étendre, illustrant l’incapacité structurelle du CPT à exercer la moindre autorité sur le territoire national. Selon les derniers chiffres compilés par des organisations locales et internationales, près de 1 600 personnes ont été tuées en seulement deux mois, un indicateur dramatique de l’effondrement de l’État de droit.

Sur le plan judiciaire, l’inaction du Conseil interpelle tout autant. Aucun procès d’envergure n’a été ouvert contre les chefs de guerre notoires, dont plusieurs continuent de circuler librement malgré des mandats d’arrêt en suspens. Le silence institutionnel autour de ces figures criminelles traduit une forme d’acceptation tacite de l’impunité, renforçant la perception d’un État captif et complice de la violence organisée.

Enfin, à ces dérives s’ajoutent des accusations de malversations financières. Trois membres du CPT sont impliqués dans des scandales relatifs à la Banque Nationale de Crédit (BNC), où de graves détournements de fonds publics ont été dénoncés sans qu’aucune suite judiciaire tangible ne soit donnée. Ainsi, au terme de douze mois d’exercice, le Conseil Présidentiel de Transition apparaît moins comme une réponse à la crise qu’une perpétuation cynique des logiques prédatrices, aggravant l’effondrement d’une nation déjà en lambeaux.

La perte de contrôle de l’État sur de vastes portions du territoire est manifeste. Les gangs contrôlent désormais environ 85 % de Port-au-Prince et étendent leur influence à d’autres régions . Cette situation a entraîné le déplacement de plus d’un million de personnes, fuyant les violences et les exactions . Les infrastructures de base, telles que les hôpitaux et les écoles, sont souvent inaccessibles ou sous contrôle des groupes armés, aggravant la crise humanitaire

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