Le Gouvernement de transition d’Haïti doit s’abstenir d’organiser des élections jusqu’à ce qu’il parvienne à assurer la sécurité et la gouvernance du pays, selon les recommandations d’un nouveau rapport de l’International Crisis Group.
La création d’une assemblée politique chargée de régler les différends internes, la formation d’un Conseil national de sécurité et le renforcement des mesures de lutte contre la corruption figurent parmi les mesures préconisées pour restaurer la confiance du public, selon un document traitant de la crise actuelle du pays caribéen, qui s’est détériorée au cours des derniers mois.
Les luttes politiques intestines et les allégations de corruption ont entravé le gouvernement de transition, qui a été formé en avril 2024 pour organiser une voie vers les premières élections en Haïti depuis près d’une décennie. Les nominations étaient censées assurer la stabilité, mais les tensions internes ont aggravé les dysfonctionnements. Certaines factions appellent à une restructuration complète de l’administration, tandis que des allégations de corruption à l’encontre de trois membres du conseil, Smith Augustin, Vertilaire Emmanuel et Louis Gerald Gilles, ont encore entamé la crédibilité.
Parallèlement, la violence « programmee » des gangs s’est intensifiée. Les groupes armés contrôlent plus de 80 % de Port-au-Prince et continuent de mener des attaques violentes, dont quatre massacres au cours des cinq derniers mois qui ont fait environ 400 morts, ajoute le rapport. Malgré la présence d’une mission internationale de sécurité comprenant des policiers kenyans, les progrès réalisés pour réduire l’influence des gangs ont été très limités. Les gangs continuent de contrôler les principales voies de communication, ce qui complique l’acheminement de l’aide et l’instauration de la sécurité.
L’organisation d’élections – précédées d’un référendum inconstitutionnel bidon et illégitime – dans de telles conditions présente de sérieux risques, selon le groupe. Alors qu’Haïti vise à organiser un référendum constitutionnel – interdit par la Constitution – et des élections nationales en 2025, les préparatifs ont été très lents. Les organes électoraux n’ont été nommés qu’en décembre et le pays ne dispose toujours pas d’un registre électoral à jour. La faible participation des électeurs et le risque d’intimidation par les gangs pourraient compromettre la légitimité de toute élection organisée dans le climat actuel.
L’aide étrangère à la sécurité reste incertaine. Les États-Unis, principal bailleur de fonds d’Haïti, ont partiellement gelé leur financement sous l’administration Trump, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’avenir des opérations de sécurité. La mission internationale de sécurité a également été confrontée à des pénuries de financement, avec moins de personnel et de ressources que prévu arrivant dans le pays.
Les Nations unies examinent les options de soutien financier et logistique, y compris une proposition visant à convertir la force dirigée par le Kenya en une opération de maintien de la paix de l’ONU, qui fournirait un financement et des ressources plus stables.
Les Haïtiens aux États-Unis sont exposés à une instabilité accrue, car l’administration Trump a annulé la semaine dernière l’extension du statut de protection temporaire (TPS) pour plus d’un demi-million d’Haïtiens, qui risquent désormais d’être expulsés vers le pays déchiré par la guerre une fois que la protection prendra fin en août.
Le ministère de la sécurité intérieure (DHS) a annoncé jeudi dernier que la prolongation de 18 mois, annoncée par l’ancien secrétaire Alejandro Mayorkas sous l’administration Biden, ne serait plus en vigueur. Ainsi, le TPS pour les bénéficiaires prendra fin le 3 août 2025 plutôt que le 3 février de l’année prochaine.
