Sur le terrain des affrontements, l’évaluation des capacités de l’adversaire avant d’engager toute hostilité s’avère fondamentale. Dans le cas de la Police nationale d’Haïti (PNH), il suffit de mobiliser très peu d’équipements et de personnel pour espérer des résultats — une stratégie qui se révèle problématique au regard des échecs répétés essuyés par l’institution, rappellent des experts en sécurité.
À Kenscoff, en moins de deux mois, trois blindés de la PNH ont été incendiés par des bandits de la coalition « Viv Ansanm » lors d’interventions mal planifiées. Une source policière confirme la perte du dernier blindé, piégé à « Dépancé », près de la localité de Godet, tout en précisant qu’aucune victime n’est à déplorer dans les rangs de la PNH. Les policiers ont eu le temps de se retirer après des efforts infructueux pour remobiliser le véhicule, justifie cette source.
Parallèlement, un membre du Conseil municipal intérimaire, contacté par le journal, exprime ses préoccupations quant à la situation sécuritaire critique dans laquelle se trouve sa commune. Il informe qu’une importante cargaison d’armes et de munitions a été récupérée par les bandits et dénonce le comportement des policiers engagés dans cette intervention, assimilée à une livraison involontaire de matériel aux criminels.
Depuis le 27 janvier dernier, une opération d’envergure pour déloger les bandits et ramener la sécurité à Kenscoff avait été planifiée en accord avec les autorités locales, rappelle l’édile. Cependant, aucune suite n’a été donnée, les autorités policières ayant préféré opter pour d’autres solutions moins viables, abandonnant ainsi les dispositions initialement élaborées.
Il convient de rappeler que le 16 février, le policier John Peter Scheinder a été tué lors d’une opération à Kenscoff. Deux blindés avaient également été incendiés par les bandits de « Viv Ansanm ». La situation demeure préoccupante, les criminels continuant de s’étendre dans la région.