Alors que les dirigeants haïtiens, notamment M. Leslie Voltaire, profitent du premier jour de l’année pour faire des déclarations telles qu’un référendum illégal et inconstitutionnel, Rezo Nòdwès s’est entretenu avec le militant des droits humains Dr Josué Renaud, représentant de New England Human Rights Organization (NEHRO), sur les annonces politiques du 1er janvier 2025 et les contradictions entourant la structure de gestion de la police haïtienne. Cette date, qui marque le 221ème anniversaire de l’indépendance d’Haïti, a été l’occasion pour le Président du Conseil Présidentiel de la Transition (CPT), Leslie Voltaire, de prononcer un discours très attendu, bien qu’éloigné du site original de l’élévation d’Haiti au rang des Nations. Cependant, comme l’a relevé le Dr Renaud, ces discours, qui se répètent d’année en année, engendrent un scepticisme grandissant au sein de la population et de la société civile.
Depuis 2020, les gouvernements successifs ont promis à maintes reprises l’organisation d’élections, sans jamais concrétiser ces engagements, a rappelé le Dr Renaud. L’ancien président Jovenel Moïse avait inauguré cette rhétorique, reprise ensuite par Ariel Henry entre 2022 et 2024. Aujourd’hui, cette litanie est perpétuée par Leslie Voltaire, sans qu’aucun progrès tangible ne soit observé, notamment en ce qui concerne le rétablissement de la sécurité dans les « territoires perdus » du pays.
Ce dernier a également introduit l’idée d’un référendum, une proposition en totale contradiction avec la Constitution de 1987. Cette procédure est interdite par la Constitution qui définit clairement les modalités de son amendement, excluant ainsi toute initiative référendaire. Ces discours, selon lui, reflètent une incapacité chronique des dirigeants à aborder les véritables priorités du pays.
En parallèle de ces annonces politiques, une polémique a éclaté autour de la mutation controversée du Commissaire de police Marc Cadostin, chef du département du Nord-Est. Le Dr Renaud a rappelé que, le 29 novembre 2024, Marc Cadostin avait été publiquement félicité par Leslie Voltaire pour son travail à Fort Liberté. Pourtant, peu de temps après en décembre dernier, quelques heures après le lynchage, à Ouanaminthe, d’un présumé criminel extradé de la République Dominicaine, le Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Normil Rameau, a exigé un rapport immédiat du commissaire départemental avant de procéder à son transfert au quartier général de Port-au-Prince.
L’incident de lynchage a suscité une vive émotion. Le criminel présumé, accusé de nombreuses atrocités, avait été remis aux autorités haïtiennes mais n’a pas bénéficié d’une protection adéquate pour éviter la vindicte populaire. Pour le Dr Renaud, ce transfert « suspect » questionne non seulement les motivations réelles de la décision de M. Rameau, mais aussi son incapacité à garantir la sécurité et la protection des citoyens haïtiens.
Dans ses conclusions, M. Renaud s’est livré à une réflexion critique sur les événements de Ouanaminthe, les interprétant comme le symptôme d’un profond dysfonctionnement institutionnel. Alors que les dirigeants continuent à faire des promesses électorales creuses, les priorités urgentes telles que la justice et la sécurité restent largement ignorées. Pour le Dr Renaud, cette situation témoigne d’un décalage croissant entre les ambitions affichées par les autorités et les besoins réels et immédiats de la population.
extrait sonore de l’entretien- propos recueillis par cba