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Mirebalais trahie : le cri d’alarme de l’évêque du Plateau Central face au naufrage de l’Etat

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Mirebalais trahie : le cri d’alarme de l’évêque du Centre face au naufrage de l’État

La voix de Mgr Jean Désinord, évêque du diocèse de Hinche, résonne avec une gravité singulière dans le silence assourdissant des autorités de facto. Dans une déclaration relayée par Vatican News, il rapporte le drame vécu par Mirebalais, cette ville du centre du pays, désormais tombée aux mains de gangs qui ont méthodiquement orchestré leur offensive.

« De façon discrète, ils se sont installés à Mirebalais des semaines avant, puis ont attaqué la ville de l’intérieur, pendant qu’arrivaient par la route principale des renforts de gangs », explique-t-il. L’événement marque un basculement : la violence n’est plus seulement frontale, elle est calculée, insidieuse, et elle prend de court une population sans défense.

Le drame a aussi pris une tournure profondément tragique. Parmi les victimes, des religieuses, figures de paix et de dévouement, ont été assassinées dans des circonstances glaçantes. «Lorsque les gangs sont arrivés, les religieuses, apeurées, se sont réfugiées chez des voisins, raconte Mgr Jean Désinord. C’est dans cette maison qu’elles ont été assassinées avec d’autres occupants. On parle de 6 à 7 personnes, et jusqu’à présent, les corps n’ont pas été récupérés». Cette exécution collective, sur fond d’effondrement de l’ordre public, révèle une transgression radicale des normes morales et sociales. Elle souligne l’indifférenciation croissante entre cibles civiles, figures sacrées, et victimes anonymes – dans un pays où plus rien ne semble sacré, pas même la vie consacrée.

Ce récit n’est pas qu’un témoignage : il s’apparente à une mise en accusation. Sans jamais nommer directement les responsables politiques, Mgr Désinord désigne pourtant clairement l’indigence de l’action publique. Mirebalais, ville symbolique de résistance, a cette fois été livrée aux mains d’une force organisée, pendant que l’État, ou ce qu’il en reste, brillait par son absence. Le Conseil présidentiel de transition, déjà fragilisé par des luttes internes et une légitimité en suspens, n’a pas su – ou pas voulu – empêcher l’invasion. L’évêque ne dénonce pas seulement une défaite militaire, mais une faillite morale de la gouvernance.

En filigrane, c’est toute une conception du vivre-ensemble qui vacille. Lorsque les citoyens ne peuvent plus compter sur les institutions pour assurer leur sécurité élémentaire, c’est le contrat social lui-même qui se délite. L’Église, dans sa parole prophétique, prend ici le relais d’un État défaillant. Elle nomme l’inacceptable, elle rappelle à la conscience collective que l’indifférence est un crime silencieux. La voix de Mgr Désinord ne s’élève pas contre un événement isolé, mais contre une dynamique de désintégration qui touche l’ensemble du pays.

Il y a, dans cette prise de parole, la trace d’un désespoir contenu, mais aussi la force d’un sursaut espéré. Car poser le constat, c’est déjà refuser l’habitude. Le drame de Mirebalais ne saurait être relégué au rang des faits divers d’une tragédie banalisée. Il appelle une réponse – politique, citoyenne, éthique. Et derrière la question silencieuse de l’évêque, une autre s’impose : combien de villes devront encore tomber, combien de voix devront encore s’élever, avant que la promesse républicaine ne cesse d’être un mot vide, murmuré au milieu des ruines ?

source: Radio Vatican

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