par Hancy PIERRE, chargé de projet CEPODE.
Dans le cadre du projet “dialogue binational” mis en oeuvre par le Programme des Nations Unies pour le Développement-Haïti en partenariat avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et financé par les Fonds pour la Consolidation de la Paix, le Centre en Population et Développement (CEPODE) de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti organise un atelier de formation du 20 au 24 mars 2025 sur la question des relations haïtiano-dominicaines. Il convient d’impliquer l’université dans le débat académique en guise de suggestions aux décideurs politiques à l’élaboration de politiques publiques orientées vers la perspective de développement binational concernant Haïti et République dominicaine.
En effet, le 9 novembre 1874 a marqué un tounant historique important dans les relations haïtiano-dominicaines soldées par un Traité d’Union comme un modèle d’union alors que la question d’intégration a tardé jusqu’aux années 1950. L’Union européenne a suivi cette tradition ainsi que le MERCOSUR car il s’agissait alors d’un mode d’intégration horizontale qui tient compte du nivellement des Etats par la coopération, pour passer de l’intégration régionale à l’union.
Les 22 et 23 mars 2025 sont programmées deux journées relatives à la formation thématique. Au cours de la première journée, les professeurs Kénel SENATUS et Christian TOUSSAINT ont tour à tour intervenu respectivement sur Les Relations Haïtiano-dominicaines et la question frontalière concernant Haïti et la République dominicaine. Dr Senatus affirme “qu’il est encore possible que les deux peuples puissent s’entendre peu importe qu’il y ait des tensions”. Il constate un manque de fermeté et de volonté de l’Etat haïtien pour faire avancer la Commission Mixte Binationale vers une coopération efficace en vue de relations harmonieuses entre les deux Etats liés au principe d’interdépendance. Il y a aussi lieu de viser une politique de décentralisation des communes frontalières. Pas de place aux ultinationalistes dominicains qui entravent éventuellement ce processus ni au laxisme de gouvernants haïtiens par rapport à une diplomatie active et professionnalisée vis à vis de la République dominicaine. Les relations de convivialité s’installent entre les habitants frontaliers malgré les relations d’asymétrie entre les deux Etats à tort ou à raison.
Le deuxième intervenant, le professeur Christian TOUSSAINT a développé le thème de “Frontière”. Il critique le caractère désuet des traités sur la frontière qui datent d’avant la création des Nations Unies. Les frontières maritimes sont considérablement marginalisées dans les politiques et ce qui est une source de conflits quotidiens. La frontière aérienne, on en parle quand a eu lieu l’incident relatif au refoulement du premier ministre Dr Ariel HENRY à bord d’un vol spécial dans l’espace aérien dominicain , il y a 14 mois. Il n’y a encore aucun traité relatif à la frontière maritime entre Haïti et la République dominicaine tel n’est pas le cas pour la Colombie ni Cuba. Les ressources partagées entre les deux républiques sont un enjeu de taille. A nous rappeler le conflit autour de l’utilisation d’une prise de la Rivière Massacre “Kanal la p ap Kanpe (KPK) de 2023.
Le professeur Tousaint indique la nécessité du développement local et de la décentralisation des communes frontalières pour garantir un meilleur interface diplomatique. Pour ce qui concerne les dossiers pendants, il évoque le problème de la communication quand les ondes en Haïti sont brouillées du fait de la non règlementation des télécommunications dans le cadre d’un Traité.
La deuxième journée de la formation thématique du dimanche 23 mars 2025 se consacre ax interventions des docteurs Paul Antoine BIEN AIME et Glodel MEZILAS respectivement portées sur la décentralisation et le développement local des communes frontalières et la migration haïtienne vers la République dominicaine/Ces ateliers vont être repliquées à Ouanaminthe, Belladère, Anse-A-Pitres et Ganthier.
