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Massacre à Pacot : une semaine après le déploiement persuasif de la PNH devant la Villa d’Accueil contre les vigiles du Canapé-Vert

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L’Edito du Rezo

Certaines chronologies révèlent, au-delà des événements qu’elles enchaînent, la profondeur d’une crise d’État. Le 16 avril, une manifestation pacifique partie de Canapé Vert vers la Primature et la Villa d’Accueil a été stoppée net. Ce jour-là, le pouvoir exécutif de doublure à 9 Tet + Fils-Aimé, a mobilisé l’appareil sécuritaire dans toute sa densité : policiers en surnombre, militaires déployés, véhicules blindés en position. Aucune menace formelle n’a été formulée, mais l’intention ne faisait aucun doute : toute tentative d’approche du siege du pouvoir se heurterait à la force, possiblement létale. C’était moins une démonstration d’autorité qu’un refus de toute contestation, où la présence des armes tenait lieu de réponse politique.

Une semaine plus tard, le 23 avril, un massacre a frappé la zone de Pacot, non loin de l’itinéraire initialement prévu par les manifestants. Ce ne furent pas les forces de l’ordre ni des protestataires, mais les gangs armés qui ont occupé l’espace. Un « nombre indéterminé de civils« , selon les mots prudents de la PNH, ont été exécutés. Parmi eux, des membres des brigades d’autodéfense issues de Canapé Vert — ceux-là mêmes qui avaient tenté, quelques jours plus tôt, de porter une parole de résistance devant le siège symbolique du pouvoir defaillant. Pour Josué Renaud, de l’organisation NEHRO, les groupes armés « définissent leur mission chaque jour« , agissant avec une efficacité meurtrière et une liberté d’action qui trahit l’effacement progressif de l’autorité publique.

Pendant ce temps, les dirigeants haïtiens tournaient leur attention vers l’Inde, où une tragédie d’ampleur captait l’attention internationale. Cette simultanéité souligne un déséquilibre constant : un gouvernement plus prompt à réagir à des drames étrangers qu’à affronter les horreurs qui se déroulent sous ses fenêtres. Ce n’est qu’en soirée que l’exécutif s’est résolu à publier un communiqué de condoléances — exercice devenu mécanique, presque vide de substance, qui semble aujourd’hui constituer l’unique registre d’action d’un pouvoir recroquevillé dans la communication de crise.

Le massacre de Pacot ne relève pas de l’accident. Il s’inscrit dans un processus de banalisation de la violence, où l’État choisit ses cibles avec sélectivité, abandonnant quartiers et populations entières à l’arbitraire des armes. L’attitude répressive à l’encontre des manifestants contraste brutalement avec la passivité face aux bandes armées.

Ce double standard traduit non seulement une incapacité, mais une forme d’accommodement silencieux à l’effritement du territoire national. L’histoire retiendra sans doute que ce gouvernement de « jouisseurs, de braquage de banque et des maigres finances du pays« , pour reprendre des déplacés de Carrefour-Feuilles, confronté à la désintégration de son autorité, aura préféré menacer les vivants plutôt que de défendre les siens. Un aveu d’échec, aussi lourd que les deuils qu’il laisse derrière lui mercredi.

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